Bouge : mutations dans un quartier

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Le quartier dit « du Moulin à Vent », à Bouge, est exemplaire à bien des points de vue.
Ce vaste ensemble de villas qui borde la chaussée de Louvain, l’une des grandes voies d’accès de la ville de Namur par le Nord, s’est formé par couches successives, le lotissement ayant commencé dans l’immédiat après-guerre le long de la chaussée pour s’étoffer ensuite en rues parallèles et perpendiculaires, alignant successivement les maisons des années ’60 jusqu’à celles des années ’90. Tel, il offre un joli terrain d’études et d’observation à qui voudrait analyser l’évolution de l’architecture courante en Région wallonne…

Ces dernières années, ce quartier a fait l’objet d’une mutation plus profonde. On sait que la demande en logement, toujours forte en Wallonie, est due principalement à l’éclatement des ménages [[En Wallonie, la part des ménages d’une personne est passée de 29 à 34% entre 1991 et 2005; la taille des ménages est passée de 2,88 personnes en 1970 à 2,31 personnes en 2005. (Statbel) 
]] ; est-ce à cause de cela, ou parce qu’une génération entière en a assez de la tondeuse à gazon du samedi et de la taille des rosiers du dimanche, mais le fait est que le marché immobilier s’oriente de plus en plus vers les appartements [[Entre 2003 et 2004, le prix des appartements en Wallonie a grimpé de 11,4%, celui des maisons unifamiliales de 3,2%. (source : http://www.statbel.fgov.be/press/fl066_fr.asp)
]]. Et dans le quartier du Moulin à vent, situé en périphérie immédiate de Namur, les appartements se vendent bien… Depuis le milieu des années ’90, les derniers terrains libres ont été construits d’immeubles semblables à de très grosses maisons, comptant 4 à 10 logements. Cela n’a pas posé trop de problèmes, malgré le fait que l’effet paysager des ensembles ainsi constitués ne soit pas des plus heureux. Aujourd’hui les appartements gagnent peu à peu le tissu déjà bâti de villas, soit par occupation des quelques terrains restés libres, soit par reconstruction pure et simple: des promoteurs rachètent une, ou si possible deux maisons, les rasent et reconstruisent des immeubles à appartements. On a vu ainsi des projets fleurir rue Charles Bouvier, rue des Cognassiers, avenue A. Procès et chaussée de Louvain, où le promoteur Immolux vient de recevoir permis pour un vaste projet, 19 appartements et 770 m2 de bureaux et commerces [[Vers l’Avenir, 12 juillet 2006

]].
Fatalement, le gabarit de ces immeubles tranche avec le voisinage. Recours au Conseil d’Etat, courrier au Collège échevinal et même une manifestation : les réactions sont vives du côté des habitants, qui brandissent des plans communaux d’aménagements en vertu desquels le quartier est réservé à la construction d’habitations unifamiliales…

Ce dossier n’est pas aussi anecdotique qu’il en a l’air. Les années ’60 et surtout ’70 ont vu construire d’importants quartiers, villas quatre ou cinq chambres sur 8 ou 12 ares… on était en droit de se demander ce qui allait se produire lorsque ces maisons reviendraient sur le marché, ce qui n’a pas encore été massivement le cas à ce jour. Les ménages en recherche d’un logement proche de la ville auraient-ils les moyens de payer de telles habitations ? Ces villas ne seraient-elles pas trop importantes au regard de la taille actuelle des ménages ? On aurait pu penser que des petits ménages s’associeraient au sein de maisons suffisamment grandes, dont certaines pourraient être réaménagées en petits appartements, pour les accueillir à deux ou trois… le cas de Bouge semble amorcer une autre évolution. Cas isolé ou prémisse d’une tendance générale ? L’avenir nous le dira…

Canopea