Constructeurs automobiles et CO2 : le 10è classement de T&E !

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La fédération européenne Transport et Environnement (T&E), dont est membre IEW, vient de publier son dixième rapport annuel sur les performances des constructeurs automobiles en matière de réduction des émissions de CO2 des voitures neuves. La législation européenne, contraignante, produit ses effets. Mais la triche dans l’évaluation des émissions des voitures s’amplifie. Et les constructeurs continuent de bouder la voie royale pour faire baisser les émissions de CO2 : l’allégement du véhicule.

La contrainte

123,4 g/km : telle est la moyenne des émissions de CO2 des voitures neuves vendues en Europe en 2014. L’objectif légal[[Fixé dans le règlement (CE) N° 443/2009]] de 130 g/km en 2015 est largement dépassé. PSA prend la première place du classement, avec 110,1 g/km, talonné de près par Toyota (112,8) et Renault (113,6). Seuls trois constructeurs (Honda, Suzuki et Hyundai) n’ont pas encore atteint leur objectif spécifique.

Voilà pour la théorie. Mais en est-il en pratique ? Des nombreux enseignements du rapport de T&E, deux doivent être soulignés.

La prise de poids

La législation européenne encourage la construction de voitures lourdes. Chaque constructeur se voit en effet assigner un objectif spécifique, qui dépend du poids moyen des véhicules vendus. Si les voitures d’un constructeur sont 100 kg plus lourdes que la moyenne européenne en 2015, son objectif spécifique sera 134,57 g/km au lieu de 130. En 2014 par exemple, les émissions moyennes de Suzuki étaient de 123,8 g/km et celles de Volvo de 126,5 g/km. Mais, si Volvo (voitures très lourdes) a déjà atteint et largement dépassé son objectif spécifique 2015, ce n’est pas le cas de Suzuki (voitures très légères) qui ne l’atteindra vraisemblablement pas en 2015 et devra dès lors payer des pénalités. Cette législation est donc contreproductive quand on sait que la réduction du poids est la meilleure manière de consommer moins d’énergie – et donc de produire moins de CO2.

La triche

Entre 2007 (année où a été publiée la proposition de législation européenne) et 2014, les émissions de CO2 des voitures neuves ont baissé de 22% (158 à 123 g/km) – ce qui correspond à une réduction de consommation d’environ 1,4 l/100 km, ou encore une économie de plus de 3.000 euros pour 150.000 km au coût actuel des carburants. Mais seuls 50% de ces euros sont réellement économisés par les conducteurs. En effet, seule la moitié des réductions d’émissions annoncée est réelle, le reste n’existe que sur papier et résulte de l’exploitation des faiblesses et échappatoires des procédures de test. Et l’écart entre les chiffres annoncés par les constructeurs et la réalité du terrain se creuse d’année en année : il était de 17% en 2008 et de 31% en 2013 !

Pour que la fiction devienne réalité

La Commission européenne a en mains deux puissants leviers pour que la réalité de la route se rapproche de la fiction des chiffres des constructeurs – et les dépasse. Un : introduire dès 2017 un nouveau cycle de test et de nouvelles procédures limitant drastiquement les possibilités de triche. Deux : favoriser – et non décourager – l’allégement des véhicules en adaptant sa législation. L’environnement ne sera pas le seul à en bénéficier : les conducteurs – dont les factures de carburant baisseront – et les Etats – qui pourront plus aisément rencontrer leurs objectifs de réductions d’émissions – profiteront pleinement de ces adaptations nécessaires.

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Figure : émissions annoncées et émissions en conditions réelles – calculs prévisionnels pour l’année 2014

Téléchargez le rapport complet.

Contacts
Pierre Courbe, chargé de mission mobilité, 0474 923 617

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