Cora de Quevaucamp : un faux pas du Ministre Antoine

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Cora de Quevaucamp: un faux pas du Ministre Antoine

Inter-Environnement déplore le feu vert donné au projet de centre commercial

Le Ministre wallon en charge de l’aménagement du territoire, André Antoine, a confirmé hier le permis unique accordé à Cora pour la construction d’un centre commercial à Quevaucamp.

Pour Inter-Environnement Wallonie, fédération des associations de défense de l’environnement qui a soutenu les opposants au projet, cette décision constitue un faux pas dans la politique conduite jusqu’ici par le Ministre. IEW s’inquiète des conséquences environnementales, sociales et économiques de cette infrastructure aussi pharaonique qu’anachronique.

La demande de Cora portait sur la construction d’un hypermarché avec galerie marchande incluant bowling, cinéma, etc. sur un terrain de 37ha situé dans les communes de Mouscron et Estaimpuis.

En confirmant le permis unique accordé à ce projet par les autorités communales, André Antoine s’est véritablement assis sur le SDER, le Schéma de développement de l’espace régional dont la Région wallonne s’est dotée depuis 1999 et où l’on peut lire (p.177) : « L’implantation de centres commerciaux et de grandes surfaces commerciales à l’écart des villes et des noyaux d’habitat ne sera plus autorisée. »

Cette décision apparaît d’autant plus étonnante et incompréhensible qu’elle va à l’opposé de la ligne prônée et suivie jusqu’ici par le Ministre. Pas plus tard qu’en juillet dernier, celui-ci réaffirmait d’ailleurs clairement sa position : « (…) Quelle est notre philosophie depuis trois ans en la matière ? C’est de privilégier les pôles urbains et d’y conforter le tissu commercial. Nous disons aux grandes enseignes : investissez les centres-villes ! (…)»[1]

La philosophie de la position ministérielle – et du SDER – répondait de fait à une dangereuse réalité. On sait en effet les misères apportées par le développement d’infrastructures commerciales gigantesques en périphérie : la disparition du petit commerce en centre-ville, avec son cortège de vitrines vides et de bâtiments inoccupés, génère l’insécurité et fait plonger les finances des communautés locales.

Le Ministre plaide à cet égard que « l’attractivité du projet dépasse largement celle des centres-villes ». On peut l’entendre mais ces centres n’en seront pas moins gravement atteints… à l’encontre des politiques publiques menées par l’agglomération lilloise et par des municipalités voisines telles celle de Roubaix.

Par ailleurs, à l’heure où la gravité des changements climatiques en cours exige des changements de comportement radicaux, notamment en terme de mobilité, il apparaît pour le moins anachronique d’autoriser un projet qui génèrera un flux automobile important et donc des émissions polluantes tout aussi conséquentes.

On reste rêveur devant la motivation de ce permis qui évoque « l’essor local au niveau touristique, culturel, HoReCa et de loisirs ». Soyons clair : le concept central du projet, c’est le « fun-shopping », c’est le modèle de l’hyperconsommation, aveugle à la dualité sociale – croissante et criante dans la région concernée, sourd à l’urgence d’un mode de vie plus économe des ressources de la planète.

Monsieur Antoine a-t-il oublié son excellente résolution, tant de fois proclamée, de miser sur le développement des centres plutôt que sur le grignotage de l’espace ouvert dans les périphéries ? A-t-il oublié son appartenance humaniste, pour approuver aujourd’hui ces projet malgré ce qu’il charrie d’exclusion sociale?

Inter-Environnement Wallonie est favorable au commerce et aux investissements. A condition que ceux-ci s’insèrent dans un tissu humain, se mêlent à l’habitat, bordent un espace accessible à tous. On est malheureusement ici bien loin du compte…

André Antoine aura bientôt l’occasion de rectifier le tir. Le Collège de Farciennes vient en effet d’octroyer le permis unique pour l’implantation sur son territoire (en banlieue de Charleroi) de « La Citadelle », un centre commercial de quelque 188 boutiques et 5.000 places de parkings. Un recours contre cette décision étant d’ores et déjà annoncé de la part d’une des associations membres de la fédération, il appartiendra au Ministre Antoine de la confirmer … ou non. La fédération IEW espère qu’il aura retrouvé d’ici là le fil conducteur de sa politique en la matière.

Contacts :

Pierre Titeux, Attaché de presse : 081.255.284 – 0479.497.656

Janine Kievits, Chargée de mission « Aménagement du territoire »
: 081.255.263

[1] « Centre commercial, Antoine dit non, déjà » in « Vers l’Avenir », 12 juillet 2007