Des « stress-tests » sans surprises…

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L’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) vient de finaliser son examen des tests de résistances (stress tests) réalisés par Electrabel pour les centrales nucléaire de Doel et de Tihange. Pour rappel, suite à la catastrophe de Fukushima, en mars dernier, les pays européens s’étaient accordés pour tester la résistance de leurs centrales nucléaires face à différents risques.

Conformément au calendrier établi au niveau européen, l’AFCN a remit son « Rapport national sur les stress test » pour le 31 décembre 2011 à l’ENSREG, le groupe des régulateurs européens de sûreté nucléaire. Ce rapport sera ensuite soumis au regard des pairs internationaux pour fin avril 2012.

Au terme des 200 pages du rapport, l’AFCN estime, d’une part, que les ingénieurs d’Electrabel ont correctement suivi la méthodologie prévue et approuvée par l’AFCN et que, d’autre part, la robustesse des installations étudiées est globalement satisfaisante.
Les principaux points d’attention identifiés concernent les risques d’inondation du site de Tihange en cas de crue importante de la Meuse (en conséqeunce de quoi la construction d’un mur de protection périphérique devra être réalisée) ainsi que la résistance en cas de séisme majeur des équipements électriques auxiliaires du réacteur de Tihange 1 (à confirmer par une étude spécifique).

Si les adaptations évoquées concernent davantage Tihange, Doel devra aussi faire l’object de certains renforcements. L’Agence dresse aussi une liste d’améliorations supplémentaires à celles identifiées par Electrabel.

Ce résultat plutôt positif ne signifie pas pour autant que nos centrales sont vraiment sûres. La portée de ces tests est en effet limitée puisqu’ils se composent essentiellement de calculs théoriques basés sur les données d’études pour la plupart antérieures à Fukushima et simplement reclyclées dans ce nouveau document. Les phénomènes de vieillisement et de dégradation ne sont pas pris en compte de manière systématique, pas plus les mesures de pérventions ou les scénarios internes: les incendies, les surtensions électriques, les fuites de tuyaux, les dysfonctionnements des valves, des défaillances humaines, etc. Par ailleurs, le rapport ne comprend pas l’examen des actes de terrorisme à l’encontre des centrales, qui n’était pas obligatoirement requis par l’accord européen au sein de l’ENSERG,. Selon la RTBF, la Belgique étudierait la question de son côté et l’AFCN aurait déjà produit un pré-rapport à cet égard.

Enfin, par-delà les centrales, le transport des déchets radioactifs de haute activité dans notre pays mais aussi les divers plans d’urgence auraient également nécessité d’être soumis à un examen critique.

La plus grande leçon à tirer de Fukushima – et que l’on connaissait déjà… – est qu’une catastrophe nucléaire peut belle et bien se produire même dans des pays industrialisés les plus avancés. Malgré toutes les précautions que l’on peut prendre, il restera toujours un risque résiduel, une combinaison d’évènements jamais envisagiée, comme ce fut le cas à Fukushima.

Les adaptations jugées nécessaires par l’AFCN ne peuvent donc en aucun cas servir d’alibi à la prolongation de la durée de vie des réacteurs. Le choix de société qui a été fait dans l’accord de gouvernement en confirmant la loi de sortie du nucléaire doit être mis en oeuvre au plus vite.

Cécile de Schoutheete

Anciennement: Développement durable & Énergie