Le contribuable payera-t-il une seconde fois le démantèlement des centrales nucléaires ?

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Le risque est réel, puisqu’un rapport confidentiel de l’ONDRAF [[organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies.]] estime que les provisions gérées par Electrabel seront probablement insuffisantes pour assurer ces opérations.
Depuis plusieurs années, les exploitants des centrales nucléaires sont en effet tenus de constituer un fonds destiné au futur démantèlement des sept réacteurs belges et à la gestion des déchets radioactifs. La somme provisionnée, dont les coûts sont répercutés sur le prix du kilowattheure, est actuellement gérée par Synatom, filiale d’Electrabel. Le montant total nécessaire a été estimé à environ 10 milliards d’euros. Mais l’ONDRAF, tenu de remettre tous les trois ans un rapport confidentiel au Comité de suivi de ce fonds, vient d’émettre de sérieuses réserves quant à l’estimation de la somme qui doit être mise de côté. Selon un article publié récemment dans le Morgen [[De Morgen, 25 avril 2007]], Electrabel n’a pas la moindre idée des coûts exacts qu’induiront les opérations de démantèlement et de stockage des déchets. Pour la simple raison que l’expérience en matière de déconstruction d’un réacteur est extrêmement limitée, et que l’on ne sait toujours pas ce qu’il adviendra des déchets radioactifs. Pour rappel, il n’existe toujours aucun site de stockage définitif de déchets hautement radioactifs de par le monde, malgré des décennies de recherche et les promesses incessantes du secteur nucléaire.
Les conclusions de ce rapport sont d’autant plus inquiétantes qu’Electrabel ne sera liée par aucune obligation après 2025, date de fermeture du dernier réacteur belge. Ce seront alors les pouvoirs publics qui devront mettre la main au portefeuille pour compenser les sommes manquantes. Les petits consommateurs, qui ont payé par le passé leur électricité à un tarif parmi les plus élevés d’Europe, ce qui a permis à Electrabel d’amortir ses actifs à un rythme accéléré (20 ans alors que la durée de vie des centrales est établie à quatre décennies), seront donc à nouveau sollicités. En attendant, le producteur « belge » accumule des bénéfices indécents (son bénéfice d’exploitation s’est élevé à 1,6 milliards d’euros l’an dernier). Et ose vanter les mérites de son électricité « propre » et « bon marché ».
Il est indispensable que ce dossier, dont les conséquences pour la société sont considérables, soit géré dans la plus grande transparence dès la mise en place d’une nouvelle majorité après le scrutin fédéral du 10 juin. Afin que les propriétaires des centrales nucléaires soient entièrement responsables de leur démantèlement et de la gestion des déchets. Et que l’on tourne enfin la page du nucléaire en Belgique, dont seuls les actionnaires – étrangers – du groupe énergétique tirent un bénéfice.

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