Ouverture de la chasse et de ses dérives sur fond d’un dialogue confisqué

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Essences forestières disparues ou en voie de l’être, bois déclassés suite aux dégâts des cervidés, pans entiers de forêts privés de régénération naturelle ; prairies labourées, champs de maïs et jardins dévastés par les sangliers, accidents de la route : la liste des désagréments que la chasse fait peser toute l’année sur la biodiversité, les propriétaires, les agricultures et les citoyens est longue. Mais le tableau est loin d’être complet. L’ouverture de la chasse ce dimanche 1er octobre annonce également de nombreuses dérives éthiques : tirs de milliers de colverts, faisans ou perdrix d’élevage relâchés quelques semaines à peine avant d’être abattus, tirs de sangliers nourris toute l’année au sein des massifs forestiers, modes de chasse stressants et inutilement violents pour les animaux…

Pour remédier à ces dérives et excès, Inter-Environnement Wallonie appelle à une révision en profondeur de la Loi sur la chasse.

Ce sinistre tableau n’est pas à mettre à l’actif de tous les chasseurs. Certains réalisent leur passion dans un cadre réfléchi, reposant sur certains principes éthiques et l’inscrivent dans une mission de gestion des écosystèmes et leurs nécessaires équilibres. Ces chasseurs progressistes sont cependant minorisés par leur syndicat, le royal Saint-Hubert Club, qui défend un monopole de gestion sur notre faune sauvage.

Les surdensités de grands gibiers et les dérives éthiques résultent de la gestion dudit « gibier » déléguée par le législateur au seul monde cynégétique. Les chasseurs peuvent maintenir des populations élevées sans que propriétaires, agriculteurs, administrations ou naturalistes n’aient de possibilité d’infléchir la situation. Ainsi, le Gouvernement, sous la pression de ce puissant lobby, a abrogé l’interdiction programmée du nourrissage intensif des sangliers adoptée sous la précédente législature. L’élevage en forêt continue donc alors qu’il a provoqué l’extension des populations de sangliers sur tout le territoire wallon ! Le plan de réduction des densités de grands gibiers initié par Carlo Di Antonio est aujourd’hui enterré. Plus aucun objectif chiffré n’est fixé et le monitoring « sanglier » n’est tout simplement plus réalisé depuis 2014.

Les manquements de la réglementation régionale et l’absence de données objectives limitent l’action des principales parties prenantes concernées pour responsabiliser les chasseurs. Les agriculteurs n’ont d’autres options que de quémander une indemnisation, maigre consolation au mépris affiché de leur dur labeur quotidien. Les propriétaires ne peuvent que constater les dégâts et les coûts induits par ces surdensités et craindre, notamment pour les communes forestières, la perte de leur certification PEFC. Et la Wallonie de voir ses efforts de restauration de la biodiversité forestière anéantis par la pression du gibier.

Inter-Environnement Wallonie plaide donc pour une révision en profondeur de la Loi sur la chasse au bénéfice d’une gestion de la faune sauvage impliquant toutes les parties prenantes de la ruralité et responsabilisant les chasseurs dans le cadre d’une chasse plus éthique et respectueuse du fonctionnement des écosystèmes et de la biodiversité. Un telle réforme passe par :

  • une révision, à tous les niveaux, des organes de concertation pour y inclure les acteurs de la ruralité de manière équilibrée ;
  • la suppression des dispositions permettant une gestion artificielle de la faune (nourrissage artificiel et prélèvements dans les zones surdensitaires) ;
  • le soutien des méthodes de chasse plus éthique (via les cahiers des charges publics) et la réduction du nombre de battues à cor et à cri ;
  • l’interdiction de tout lâcher de tir ;
  • la définition d’objectifs qualitatifs et quantitatifs à atteindre, en termes d’indicateurs indirects, établis en concertation avec chaque conseil cynégétique ;
  • l’extension de l’indemnisation des dégâts de gibier à la détérioration de la biodiversité.

Inscrire les pratiques de chasse dans le XXI siècle est à ce prix. Et la situation exige que cette réforme se fasse sans délai.

La position de la Fédération sur la chasse : « Plaidoyer pour une révision de la Loi sur la chasse »

Contact :
Lionel Delvaux, 081/390765 – 0497/766 011

Lionel Delvaux

Anciennement: Nature & Ruralité