Quand Febiac rêve…

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« En 2020, la voiture est plus « verte » que jamais : la pollution qu’elle occasionnait n’est plus qu’un mauvais souvenir ». Telles sont les prévisions de la FEBIAC (fédération belge de l’industrie automobile et du cycle – www.febiac.be) dans son document intitulé : le rôle de l’automobile au 21ème siècle : executive summary. Comme l’écrivait avec justesse Romain Gary : « vous savez, qu’on l’avoue ou pas, dans la vie, on mise toujours sur l’arrivée des secours… »
L’introduction des normes Euro 1 (en 1992) à Euro 4 (en 2005) a permis de réduire fortement les émissions de polluants locaux (CO, HC, NOX, Particules). L’industrie automobile se félicite de ces résultats obtenus grâce à … des normes contraignantes dont elle ne voulait pas ! Elle y trouve même un argument de vente : achetons vite de nouvelles voitures, elles sont moins polluantes que les anciennes… L’optimisme pourrait donc peut-être se justifier si…
… Si il n’y avait le problème des émissions de CO2 pour lesquelles n’existe aucune norme contraignante. Les constructeurs automobiles européens ont pris « l’engagement volontaire » de faire baisser les émissions des voitures neuves à 140 g CO2/km en moyenne à l’horizon 2008. Ils ne respecteront pas cet engagement. Si la Belgique (152,5 g CO2/km en 2005) fait bonne figure par rapport à la moyenne européenne (160 g CO2/Km en 2005), il est bon de s’intéresser d’un peu plus près à ces résultats.
Réduire les émissions moyennes des voitures neuves peut s’obtenir de diverses façons. Soit en introduisant de nouvelles technologies (de type hybrides, segment encore à l’état embryonnaire), soit en réduisant la cylindrée des moteurs, soit en remplaçant les voitures essence par des voitures diesel, qui consomment moins et donc émettent moins de CO2. C’est ce qui s’est produit en Belgique. Entre 1992 et 2003, la consommation d’essence a baissé de 28% pendant que celle de diesel augmentait de 61%. Ce qui a permis, dans le même temps, d’introduire des voitures de plus grosse cylindrée. La cylindrée moyenne du parc automobile belge est en effet passée de 1590 cc en 1992 à 1703 cc en 2002. Ajoutez à cela l’introduction massive du conditionnement d’air (non inclus dans les données CO2, mais pouvant induire une augmentation d’émissions de l’ordre de 15 à 20%), et vous aurez une toute autre vision que celle, idyllique, de la FEBIAC. Ce que confirme la quatrième communication belge sur les changements climatiques (téléchargeable sur www.climat.be) : « Le transport routier [personnes et marchandises] est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre en Belgique et constitue le premier facteur d’évolution des émissions. »