Quelles sont les réelles conséquences de la décision de Trump pour la lutte contre les changements climatiques ?

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La décision du président Trump de se retirer de l’accord de Paris pour le climat est un mauvais signe pour l’ « économie verte » américaine mais elle est surtout le nouveau signe d’une absence de remise en cause d’un système économique incompatible avec la résolution de la crise climatique que nous traversons.

Quelques jours après le déferlement médiatique qu’a suscité la décision de Trump de ce retirer de l’Accord de Paris, il est important de prendre un peu plus de recul. Cette décision nous éloigne-t-elle vraiment d’une résolution de la crise climatique mondiale ? Sans doute, mais pas uniquement pour les raisons qui ont été abondamment relayées dans la presse ces derniers jours.

En effet, cette décision ne met probablement pas en péril l’émergence de ce qu’il est convenu d’appeler l’ « économie verte » ou l’ « économie post carbone » au niveau mondial. Cette dynamique qui touche bien des aspects de la décarbonation de nos sociétés est trop ancrée et surtout poussée par d’autres facteurs qui vont bien au delà d’un accord international comme celui de Paris. Notamment, l’émergence des renouvelables comme source de production d’énergie dominante au niveau mondial semble impossible à arrêter car au delà de son intérêt écologique, elle est poussée par des raisons économiques, les renouvelables étant aujourd’hui le moyen le moins cher de produire de l’énergie.

De ce point de vue, on peut craindre au pire que la décision de Trump ralentisse la croissance de cette « nouvelle économie » sur le sol américain. De ce point de vue donc, le professeur Van Ypersele a raison quand il avance sur l’antenne de la RTBF que « la décision du président Trump risque surtout d’être néfaste pour le peuple américain en l’isolant d’avantage ».

Mais les renouvelables et les autres « business verts » ne représentent qu’une petite partie de ce qu’il faudrait faire pour répondre au genre d’objectif affiché dans l’accord de Paris (atteindre 1,5°C d’augmentation de la température à la place des 4-5°c vers lesquels nous nous dirigeons d’ici la fin du siècle). Comme IEW le rappelle fréquemment la crise climatique et plus largement la crise environnementale dont elle fait partie sont des crises systémiques qui requièrent des changements systémiques.

Or le moins que l’on puisse dire est que les alternatives à un système économique reposant sur la sur-consommation des ressources peine à émerger. Au niveau local, certaines initiatives qui devraient faire tache d’huile ouvrent la voie à une possible évolution du bas vers le haut. Mais au niveau global rien ne semble remettre en cause l’ « american way of life » triomphant.

Comme le disait Georges W Bush en 2009 à la conférence de Copenhague, l’« American way of life is not négotiable ». En 2001, W. avait pour cette raison retiré son pays du protocole de Kyoto qui fixaient des objectifs de réductions de gaz à effet de serre pour les pays développés.

L’accord de Paris lui même, très largement construit par l’administration Obama, par sa nature non coercitive et par l’inventaire des pistes qu’il propose pour résoudre la crise climatique (mécanismes de marché du carbone notamment) ne questionne nullement les bases de notre système économique. La volte face de Trump peut donc être vue comme l’ultime avatar de cette défiance absolue de la deuxième économie mondiale par rapport à la remise en question d’un modèle économique basé sur l’accumulation et c’est sans doute l’aspect le plus effrayant de cette décision.

La décision de Trump est donc certainement une attaque inacceptable portée par les tenants des business conservateurs (notamment de l’énergie fossile) à l’encontre de la « nouvelle économie verte » et cela est évidemment préoccupant. Mais elle confirme surtout une réalité bien plus grave pour l’avenir de notre petite planète et pour sa beauté triomphante : aujourd’hui comme hier, il semble bien que le « there is no alternative » de Margaret Thatcher soit plus vrai que jamais…