Sables bitumineux : la Belgique montre l’exemple à l’Europe

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L’Europe doit se prononcer aujourd’hui sur la prise en compte de la spécificité de chaque filière dans la fixation des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des carburants et vecteurs d’énergie utilisés dans les transports. Très concrètement, il s’agit notamment d’intégrer ou non dans le calcul le caractère plus polluant des sables bitumineux (« tar sands » en anglais).
Face au lobby des pays producteurs, Canada en tête, de nombreux Etats membres s’opposent à cette mesure. A l’opposé, la Belgique et quelques autres privilégieant les données scientifiques et la protection de l’environnement y sont favorables. Les organisations environnementales (Inter-Environnement Wallonie, Greenpeace, WWF et Bond Beter Leefmilieu) félicitent le Secrétaire d’Etat Wathelet, qui pilote le projet, pour cette attitude responsable. Elles appellent les partenaires européens à s’en inspirer.

La directive européenne sur la qualité des carburants (2009/30/CE ou FQD pour « Fuel Quality Directive ») fixe des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des carburants et vecteurs d’énergie utilisés dans le secteur des transports. Or, tous les carburants d’origine pétrolière ne sont pas égaux en la matière : l’énergie nécessaire (et les émissions induites) pour extraire et transformer la ressource peut varier fortement. La filière « sables bitumineux » produit ainsi 23% de gaz à effet de serre de plus par unité d’énergie produite que la filière « pétroles conventionnels ». Il apparaît dès lors indispensable d’intégrer cet élément pour respecter l’engagement européen de réduire de 6% à l’horizon 2020 (par rapport à 2010) l’intensité carbone des carburants.

Dans le cadre d’un processus dit « de comitologie » (intégrant à la réflexion des experts nationaux), la Commission européenne propose d’associer à la filière « pétroles conventionnels » une valeur par défaut de 87,5 gCO2 par mégajoule (MJ) de carburant produit contre 107 gCO2/MJ pour la filière « sables bitumineux ». Il s’agit bien de valeurs par défaut : si les producteurs peuvent prouver qu’ils font mieux que cela, ce sont les chiffres réels qui seront pris en compte. C’est d’ailleurs la raison d’être de cette législation : améliorer les pratiques industrielles pour réduire la pollution.

Ce jeudi 23 février 2012, un vote important vote a lieu : les Etats-membres doivent se prononcer sur cette règle de calcul. La majorité qualifiée est nécessaire pour que la proposition soit adoptée. Le Canada, qui exploite les sables bitumineux à large échelle, est très hostile à la mesure et mène depuis des mois un lobby intense auprès des Etats membres européens pour gagner ceux-ci à sa (mauvaise) cause. Et, malheureusement, il a su amener plusieurs Etats à virer leur cuti. A l’opposé, la Belgique a gardé le cap et exprimera lors du vote de ce jour sa détermination à voir aboutir cet important projet

Les organisations environnementales tiennent à féliciter le Secrétaire d’Etat à l’Energie pour cette prise de position responsable. Elles espèrent que la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et les autres pays sous influence candienne sauront s’en inspirer.