Vers l’avènement du nucléaire low-cost!

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Par-delà les luttes de clans et de personnes, la non-reduction d’Anne Lauvergeon à la tête d’Areva, le groupe nucléaire français leader mondial du secteur, entérine le succès des partisans d’un nucléaire low-cost sur l’option de réacteurs hyper-sécurisés – et dès lors coûteux – défendue par la dirigeante évincée.

Après dix années au sommet du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon va devoir céder sa place, les autorités françaises – l’Etat est actionnaire du groupe à hauteur de 90% – ayant décidé de ne pas la reconduire pour un troisième mandat.

On pourrait considérer que c’est le jeu normal des nominations dans la haute fonction publique où la « mobilité » constitue une donnée intrinsèque si un enjeu stratégique majeur n’avait phagocyté depuis des semaines le débat autour du devenir d’Anne Lauvergeon.

En effet, celle-ci avait décidé de faire de la sûreté des centrales la priorité numéro un de la politique industrielle et commerciale d’Areva. Or, Henri Proglio, n°1 d’EDF (Electricité De France) et revendiquant à ce titre un droit de regard voire d’intervention sur les choix de la filière nucléaire française, défendait une approche diamétralement opposée puisqu’il prônait la développement de réacteurs bas de gamme, aux exigences de sécurité moindres, qui ouvriraient à l’atome le marché des pays émergents.

Plus que l’étiquette socialiste attachée à Anne Lauvergeon (qui fut conseillère spéciale de François Mitterand pour l’économie et le commerce extérieur) alors qu’Henri Proglio s’inscrit clairement dans la majorité sarkozyste, il semble évident que c’est son positionnement contre le nucléaire « low-cost » [(ne manquez pas de lire [la dernière chronique de « La Pastèque masquée » sur les dérives extrêmes de ce culte du prix bas)]] qui lui a coûté son mandat… alors que ses compétences et son bilan à la tête d’Areva sont (quasi) unanimement salués.

A l’heure où de nombreux pays s’interrogent sur leur abandon de l’énergie nucléaire et où, quelques mois après Fukushima, un nouvel incident vient de mettre en exergue les dangers de cette industrie, cette stratégie de commercialisation de réacteurs bas de gamme constituerait, si elle devait se confirmer, un choix aussi aberrant qu’effrayant… D’autant plus effrayant que la Corée du Sud a décidé récemment de se positionner clairement sur ce marché bas de gamme; on risque donc de retrouver les deux pays lancés dans une concurrence farouche générant une compression des coûts au mépris de la sécurité.