Ado gâtée, l’industrie hait les contraintes…

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Ce 18 juin, le Parlement et le Conseil européen sont arrivés à un lamentable compromis sur la nouvelle Directive relative aux émissions industrielles. Cette pièce maitresse de la législation visant à assurer la qualité de l’air, de l’eau et du sol et à améliorer l’efficacité des ressources énergétiques des installations industrielles a en effet été fortement affaiblie lors des négociations qui viennent de se conclure.

Annoncée fin 2007, cette nouvelle Directive avait pour objet de combler les lacunes de la législation relative aux émissions industrielles et de réviser et regrouper sept Directives couvrant des activités similaires et, notamment, celle relative à la prévention et à la réduction intégrées de la pollution (dite IPPC). La proposition de Directive visait essentiellement à encourager l’application des «meilleures techniques disponibles» (MTD), en « obligeant » les opérateurs industriels à utiliser les techniques les plus rentables pour atteindre un niveau élevé de protection environnementale. En d’autres mots, il s’agissait d’aider les entreprises à prendre le chemin de pratiques plus vertueuses susceptibles en outre d’améliorer leur propre rentabilité à terme.

Plusieurs pays européens – dont l’Angleterre, l’Italie et la Pologne – ont exercé une forte pression sur la Commission afin qu’aucun critère strict et contraignant ne soit défini. Pour les ONG d’environnement, ce compromis favorise les intérêts industriels au détriment des préoccupations sanitaires et environnementales. Rappelant que  »des millions d’Européens souffrent de maladies respiratoires chroniques, l’une des causes principales de nombreux décès prématurés en Europe’‘, le Bureau européen de l’environnement (BEE) appelait les parlementaires à aller plus loin :  »nous sommes en faveur d’une Directive forte et efficace qui stimule et récompense le principe de l’innovation plutôt que la dérogation, et nous encourageons fortement des parlementaires à prendre la même ligne’‘. Malheureusement, ce n’est pas la ligne qui a été suivie lors du vote de la semaine passée.

Dans le droit fil de ce qui précède, rappelons que le secteur industriel est, avec le secteur des transports, un grand contributeur d’émissions de polluants atmosphériques, notamment, de précurseurs d’ozone. Même si la météo ne nous a pas encore beaucoup permis d’en parler cet été, nous sommes malheureusement persuadés que cela ne saurait tarder à l’instar de ce que nous vivons chaque année. Ce qui nous donne l’occasion de rappeler, AVANT que les épisodes de pollutions ne se déclarent, que ce ne sont pas tant les pics qui sont problématiques, mais bien la pollution de fond. De fait, seuls 10 % des effets sanitaires observés sont liés aux pics sévères (lire cet article).

Enfin, une info plus légère à la veille des vacances estivales : l’agence wallonne de l’air a rédigé un dossier pédagogique « T’as l’air de quoi, si tu ne bouges pas? Pour l’environnement, c’est maintenant! » disponible ici. Adressé aux jeunes, ce petit guide sympathique rappelle quelques éléments de base concernant la pollution de l’air et les changements climatiques et ce, en parlant tant de fruits et légumes que de vacances ou de pantalons… Jeunes ou non, n’hésitez pas à y jeter un ½il et à appliquer ces quelques conseils!

Crédit photographique : Frédéric Prochasson – Fotolia.com

Valérie Xhonneux

Anciennement: Santé & Produits chimiques