Appareils de chauffage : le flou total sur leurs performances énergétiques jusqu’en 2018

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Les consommateurs resteront face à l’opacité la plus totale quant aux coûts de fonctionnement élevés de la plupart des appareils de chauffage, suite à un accord voté ce jeudi 11 octobre par les responsables européens et ce, dans le cadre de la directive « energy labelling » dont nous vous parlions de la révision à venir dans notre dernière nIEWs.

Il était initialement prévu que le label énergétique soit appliqué aux 20 millions d’appareils de chauffage vendus en Europe dès 2016. Mais les fabricants d’appareils de chauffage électriques ont fait valoir, malheureusement avec succès, leur opposition à être comparés directement au gaz ou aux autres chauffages. Évidemment, vu que la plupart de ces derniers sont plus de deux fois plus efficaces que les radiateurs électriques, on peut comprendre l’envie des fabricants d’éviter de se retrouver avec une (très) mauvaise note. Une comparaison honnête des différents modes de chauffage aurait entrainé la relégation des radiateurs électriques, qui représentent plus de 80% du marché actuel, dans la section rouge de l’étiquette énergétique.

La proposition visant à mettre en garde les consommateurs sur les factures d’électricité potentiellement élevées suite à l’utilisation de ces chauffages électriques a été largement édulcorée: elle n’entrera en vigueur qu’en 2018 et le « message » devient carrément risible: « Ce produit est uniquement adapté aux espaces bien isolés ou à une utilisation occasionnelle », le texte prévu initialement étant « ce produit n’est pas adapté comme source de chauffage principale à cause de sa consommation énergétique et ses coûts élevés (équivalent de la classe énergétique G) ».

Les associations de protection de l’environnement et de consommateurs ont sévèrement réagit à cette décision. Car ne nous y trompons pas: les coûts de consommation et les économies d’énergie qui sont en jeu sont énormes, les radiateurs électriques consommant jusque 180 TWH d’électricité par an à travers les 28 pays de l’UE, soit plus d’un cinquième de la consommation d’électricité des ménages européens. Ils représentent par ailleurs une mise sous pression réelle des réseaux nationaux d’électricité, en générant des pointes soudaines de demandes, alors que le gaz est associé à un schéma de demande beaucoup plus lisse.

Dernière déception: lors de ce vote, les représentants des Etats-membres ont également décidé de réduire de 15% les exigences de performance énergétique des appareils de chauffage et ont refusé de se prononcer sur les émissions atmosphériques des appareils de chauffages à combustibles solides, postposant pour un délai indéterminé la possibilité de réduire l’une des principales sources de pollution de l’air en Europe, ce alors que l’OMS vient de rappeler ses impacts considérables sur notre santé.

Valérie Xhonneux

Anciennement: Santé & Produits chimiques