Certification PEFC des forêts en wallonie : une touche verte sur la gestion des forêts publique !

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Agriculture
  • Temps de lecture :5 min de lecture
You are currently viewing Certification PEFC des forêts en wallonie : une touche verte sur la gestion des forêts publique !

Adopté pour la première fois en 2002, les standards de la gestion forestière PEFC ont été largement rediscuté au sein du Forum PEFC pendant presque deux ans. Ces nouveaux standards ont été adoptés après d’âpres discussions, avec à la solde, des avancées perceptibles mais des espoirs déçus… A commencer par le fait qu’elle n’apporte aucune plus value pour la majorité des forêts PEFC, soit les forêts publiques!

La révision du référentiel PEFC a été préparée au sein du Forum PEFC qui regroupait l’ensemble des acteurs concernés par la gestion forestière : producteurs, représentants de la filière bois, scientifiques, environnementalistes et usagers de la forêt. Cette révision, réalisée sur base d’une analyse poussée de la forêt wallonne, a porté d’une part sur la charte d’adhésion qui définit les exigences sylvicoles minimales et les engagements des propriétaires certifiés et d’autre part sur le plan de progrès qui définit les programmes d’activités quinquennaux établis en vue d’améliorer la gestion forestière à l’échelle de la Région.

Un bon plan de progrès

L’analyse de l’état de nos forêts et de ses modes de gestion a été partagée par l’ensemble des membres du Forum et a permis de hiérarchiser les enjeux sur base de critères objectifs. Il en résulte un plan de progrès de qualité. Les différentes actions qui y sont prévues orienteront positivement les priorités de l’administration, les thématiques de la recherche forestière et la sensibilisation des différents acteurs. C’est ainsi la première fois que la région se penchera sérieusement sur l’incidence des changements climatiques.

Mais une charte cosmétique

La charte, produit d’un consensus entre les acteurs, laisse un peu sur la faim. Par rapport à la version précédente, la gestion durable se précise mais les engagements prennent souvent la forme de recommandations plutôt que des engagements concrets. La biodiversité, par exemple, y a été prise en compte mais rarement sous forme d’objectifs de résultats mesurables. Quelques maigres « avancées » qui, somme toute, ne relève que du bon sens : les OGM sont exclus de la certification, les coupes rases sont limitées à 5 ha, les pesticides ne peuvent être utilisés qu’en l’absence de solutions alternatives. Au rayon des recommandations (et donc pas des obligations), les avancées sont perceptibles mais à évaluer au cas par cas, notamment dans le cadre des audits qui seront réalisés sur le terrain. Ainsi, la création d’ « îlots de vieillissement » est recommandée de même que la préservation des « forêts anciennes » dont la cartographie est prévue par le plan de progrès. Il est prévu également un engagement de ne « renouveler les peuplements matures en bord de cours d’eau que par des peuplements feuillus » sur une distance de 12 mètres, …

Green Washing pour les forêts communales

Ces dispositions constituent une avancée pour la forêt privée. Mais elles restent très insuffisantes sur le plan de l’intégration des fonctions non productives en forêt publique, laquelle représente la majorité des forêts certifiées. Les communes wallonnes sont, comme la Région, responsables des engagements internationaux telle la réalisation de l’objectif 2010 qui vise à arrêter l’érosion de la biodiversité. Elles ont aussi, davantage que les propriétaires privés, un rôle sociétal à jouer. Les attentes citoyennes en terme d’intégration des fonctions environnementale et sociale pour ces forêts sont aussi légitimement plus importantes. De plus, les retombées économiques qui y sont associées bénéficient directement et/ou indirectement (tourisme, préservation de l’eau…) aux communes. Le contexte socio-économique y est donc fortement différent, ce qui justifie une différenciation importante. Le gouvernement wallon a déjà réalisé cette différenciation en adoptant la circulaire biodiversité en forêt domaniale mais les communes n’ont pas, pour la plupart, fait ce pas.

L’adhésion à la certification PEFC restant volontaire, rien n’excluait la possibilité d’inclure des mesures plus exigeantes en forêt publique afin d’apporter une plus value en terme de gestion durable. Malgré les nombreuses tentatives des associations environnementales présentes à ce Forum, l’Union des Villes et des Communes de Wallonie, soutenue par d’autres acteurs, a refusé d’intégrer dans la certification PEFC des mesures plus contraignantes en forêt publique communale.

Une système de certification plus crédible

Enfin, le système de certification est davantage crédibilisé par l’obligation de rendre, dans l’année de l’adhésion, le document simple de gestion. Ce dernier sera plus précis notamment sur le volet biodiversité et un canevas minimum y sera imposé. Son utilisation lors de l’audit pour évaluer le respect de la charte permettra aux auditeurs d’évaluer les efforts de gestion réalisés. Comme il s’agit principalement de recommandations, les audits auront un rôle particulièrement important dans la mise en ½uvre de cette nouvelle charte par l’adoption d’une « jurisprudence » interne.

Lionel Delvaux

Anciennement: Nature & Ruralité