Coût des énergies renouvelables : un peu de sérieux !

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Ces dernières années, le coût des énergies renouvelables fait débat et est surtout l’objet de polémiques stériles tant dans la presse et qu’au sein du monde politique et même dans les conversations courantes de beaucoup de citoyens. Ces polémiques ne sont pas limitées au territoire de la Région wallonne ou de la Belgique mais sont présentes dans l’ensemble des pays soutenant le développement des énergies renouvelables via les impôts et/ou la facture des consommateurs.

Il est cependant curieux de voir que ces discussions se limitent au coût des énergies « vertes » et négligent les filières « classiques », fossiles et nucléaire. Il faut pourtant savoir que toutes les filières énergétiques sont soutenues financièrement par les pouvoirs publics soit directement, via des transferts d’argents directs, soit indirectement, par des taux de taxation réduits.

L’étude WWF-ENECO sur les coûts et bénéfices réels des énergies montre que le nucléaire et le charbon auront bénéficié de 1950 à 2024 de plus de 50 milliards d’euros d’aide publique.
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Une donnée intéressante qui n’est pas prise en compte dans ce graphique concerne le prolongement des réacteurs nucléaires. « Pour rappel, en 2003, le gouvernement belge a promulgué une loi sur la sortie progressive du nucléaire. Les centrales nucléaires belges devaient de ce fait arrêter leur activité après 40 ans de vie. Les trois réacteurs les plus anciens (Tihange 1, Doel 1 et Doel 2) devaient ainsi s’arrêter en 2015, tandis que la fin de l’exploitation des réacteurs les plus récents (Tihange 2, Tihange 3, Doel 3 et Doel 4) était fixée à 2025.[[Voir : http://www.fanc.fgov.be/fr/news/la-belgique-demande-une-mission-salto-pour-tihange-1/677.aspx]] »
Cependant, le gouvernement fédéral a décidé en 2009 de modifier le calendrier de sortie et prolonger de 10 ans le réacteur de Tihange 1. Au-delà des risques en matière de sécurité que pose ce prolongement de la durée de vie du réacteur, il pose également des questions en matière de coût.
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Suite à des études réalisées par la Cour des Comptes française et aux travaux d’une Commission d’enquête parlementaire, qui pointent les incertitudes liées aux coûts futurs des réacteurs toujours en activité et de leur prolongement éventuel au-delà de leur durée de vie initiale, Greenpeace a publié une étude sur le coût de production futur du nucléaire exploité au-delà de 40 ans . Le constat est sans appel. « Le coût courant économique de l’électricité produite par chaque réacteur rénové atteindrait 133 €/MWh, dépassant dans ces conditions, les coûts futurs de production des principales énergies renouvelables électriques. Ce dépassement serait effectif dès aujourd’hui pour l’éolien terrestre (coût compris entre 40 et 80 €/MWh), et le serait dès 2018 pour le solaire, et à partir de 2020 pour l’éolien maritime. »[Greenpeace France, [« Le coût de production futur du nucléaire exploité au-delà de 40 ans », juin 2014, p.4]]

A ces coûts « directs », il convient encore d’ajouter des coûts supplémentaires au seul coût de production. En effet, ils ne prennent pas en compte la responsabilité limitée des producteurs d’électricité nucléaire en cas d’incident (risque assuré 1.2 milliard d’euros, le reste est à la charge de la collectivité), ni les coûts liés au stockage des déchets et au démantèlement des centrales. En effet, il n’est pas certain que les montants provisionnés par les producteurs d’électricité d’origine nucléaire suffisent pour couvrir les coûts des démantèlements des différentes centrales et de la gestion hasardeuse des déchets nucléaires. Quant à ceux qui voient dans les réacteurs nucléaires de nouvelle génération type EPR l’avenir, les coûts associés risquent de refroidir le plus chaud partisan de l’atome. En effet, l’électricité produite par le réacteur nucléaire de Hinckley au Royaume Uni bénéficiera d’un tarif de rachat de 92,5£/MWh alors que le prix de rachat de l’électricité sur le marché de gros est de 48£/MWh[Guy Chazan, « [UK agrees nuclear power deal with EDF », 21 octore 2013]]. Ce cas ne fait pas figure d’exception, on peut penser notamment à la construction de l’EPR de Flamanville dont les coûts de construction explosent de plus de 2 milliards d’euros[LeMonde, « [Le coût de l’EPR de Flamanville encore revu à la hausse », 3 décembre 2012]].

Voici qui relativise le coût des énergies renouvelables.