Déchets et changements climatiques

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La politique de gestion des déchets a des impacts importants sur les changements climatiques : économies d’émissions de gaz à effet de serre, prévention des déchets ou recyclage, problèmes des émissions de méthane consécutif à l’enfouissement des déchets… Le point.

Comme précisé dans la hiérarchie de bonne gestion des déchets, la prévention des déchets et la réutilisation sont les options les plus satisfaisantes pour le climat et les ressources naturelles; le recyclage suit obtient une cote tout juste suffisante; par contre, l’enfouissement (mise en décharge) et l’incinération des déchets restent les pires options.
Mais qu’est ce que l’énergie tirée des déchets ? En réalité cette expression se réfère à une vaste gamme de technologies ayant chacune des impacts différents sur le climat. Dans le but de mieux comprendre les impacts de ces technologies sur le climat, les Amis de la Terre – Angleterre ont demandé à une société indépendante de recherche environnementale (Eunomia Research et Consulting Ltd) de réaliser une étude à ce sujet. Le rapport complet, « A changing climate for energy from waste? » (version anglaise) est disponible sur le site des Amis de la Terre.

L’incinération

Les incinérateurs génèrent soit de l’électricité, soit de l’électricité et de la chaleur, soit seulement de la chaleur. Le graphique 1 montre la performance des énergies provenant des incinérateurs par rapport aux combustibles fossiles, en terme de quantité de CO2 relâchée par unité d’énergie produite. Le détail des calculs, des résultats et des suppositions émises se trouve dans le rapport complet.

Graphique 1: pollution de CO2 des générations d’énergie, aujourd’hui et en 2020

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Deux points clés :

  1. le rapport examine seulement les émissions directes et ne prend pas en compte par exemple les émissions des transports, des extractions, etc.
    le graphique n’inclue pas le CO2 biogénique[[Le CO2 biogénique ou renouvelable est du dioxyde de carbone qui est produit en brûlant des sources de carbone issues de matériaux naturels et renouvelables comme les déchets alimentaires ou le papier. Le CO2 biogénique est souvent considéré comme n’ayant aucun impact sur le changement climatique, puisqu’il fait partie des gaz carboniques naturellement présents dans la nature.]] produit par les incinérateurs, sinon les émissions seraient beaucoup plus importantes. Ces données ainsi qu’un approfondissement de l’importance du CO2 biogénique se trouvent dans le rapport complet.
  2. L’analyse est basée sur les technologies d’aujourd’hui, et sur celles qui existeront probablement en 2020. Car il est fort probable qu’il y aura des améliorations technologiques, particulièrement pour les centrales à combustibles fossiles (réhabilitations des centrales à charbon existantes avec du matériel plus efficace).

Conclusions

Les incinérateurs qui produisent seulement de l’électricité émettent 33% de plus de CO2 qu’une centrale électrique au gaz naturel, mais 40% de moins qu’une centrale au charbon.
En 2020, il est prévu que les incinérateurs qui produisent seulement de l’électricité émettront 78% de plus de CO2 que les centrales au gaz naturel, et seulement 5% de moins qu’une centrale au charbon.
Le schéma est légèrement différent si l’incinérateur est utilisé pour le chauffage, avec ou sans génération d’énergie. Dans ce cas, les incinérateurs fonctionnent un peu mieux que les centrales au gaz naturel de cogénération (produisant de l’électricité et de la chaleur).
Cependant ces résultats seront valables seulement si cette chaleur produite est totalement utilisée. NB : les calculs utilisent un facteur de conversion de 0.4 point (40%), pour permettre quelques inefficacités dans l’utilisation de cette chaleur (voir le rapport complet pour plus d’explication).

Recommandations

  1. Les pouvoirs publics doivent promouvoir le développement des énergies totalement renouvelables produites à partir des technologies de traitement des déchets, comme la digestion anaérobie, qui utilise non seulement les déchets ménagers mais également les déchets d’origines commerciales et industrielles.
  2. Les politiques des gouvernements devraient se focaliser sur l’élimination progressive des déchets résiduels, à travers la mise en place d’une politique de prévention des déchets (recyclage, composte/digestion). Cela doit inclure des mesures pour faire en sorte que les produits et les emballages soient destinés à être réutilisés, recyclés ou compostés. Elles doivent également insister sur la réduction des produits jetables, des emballages et privilégier les produits réparables.
  3. Les gouvernements doivent casser le mythe que les incinérateurs (actuels) génèrent de l’énergie verte.
  4. Les gouvernements doivent fournir des critères clairs aux autorités locales pour qu’elles puissent classer les performances des technologies de traitement des déchets résiduels.
    Voir la Position d’Inter environnement Wallonie : Incinérateurs et électricité verte : complices ou parasites ?

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