Directive Ecodesign : l’Europe se ridiculise

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Où en est la Directive Ecodesign qui permettra, une fois votée, non seulement d’importantes réductions de consommations d’énergie mais aussi de substantielles économies financières pour les citoyens ? A « l’affaiblissement » …

La Directive Ecodesign vise à améliorer les performances environnementales des produits en lien avec l’énergie, par la définition de normes de performances énergétiques minimales applicables à tous les nouveaux produits mis sur le marché européen (comme les boilers, les ordinateurs, les télévisions, les transformateurs, etc.). Ainsi, sachant qu’à eux seuls, les équipements de chauffage sont responsables de 25% des émissions de CO2 de l’Union européenne, soit l’équivalent des émissions du secteur des transports, les améliorations pourraient être plus que significatives.

Les résultats d’une étude technique qui évalue les possibilités de réduction de consommation et d’amélioration de l’efficacité énergétique pour chaque catégorie de produits, sont aujourd’hui sur la table et le niveau des norme est négocié entre Commission, Etats-membres et stakeholders. Et on discute, discute, discute…

Le rapport publié récemment par la coalition « coolproducts for a cool planet » montre notamment que plus de 44 milliards d’euros pourraient être économisés par les consommateurs européens, si les normes Ecodesign étaient aussi ambitieuses que celles proposées par les experts dans les études d’orientation.

Mais la Commission est peu sensible à ce type d’arguments et préfère aujourd’hui laisser l’industrie et les fournisseurs d’énergie amoindrir ces exigences et ralentir le processus.

Résultats : les règles d’efficacité énergétique pour les boilers et les chauffe-eaux, qui auraient du être adoptées il y a deux ans sont toujours en cours de négociation. Pire : des normes qui entreront en vigueur d’ici 2012 pour certaines catégories de produits sont moins strictes que les meilleurs produits disponibles sur le marché européen en 2009!

Ainsi :

 pour les télévisions: la législation a commencé à bannir en aout 2010 les produits moins performants que la moyenne de performance des produits disponibles sur le marché en 2007 – et la norme qui entrera en vigueur d’ici aout 2012 (117 W pour un modèle de 32 pouces) semble dérisoire par rapport au modèle le plus performant du marché en 2009 (60 W)

 pour les machines à laver, la situation est pire encore: la norme de 2012 sera proche du produit le plus efficace de… 2006 !

Et la situation est comparable pour les autres catégories de produits. Globalement, la première vague normative n’offre que peu d’améliorations par rapport à la situation existante. Tout au plus permet-elle aux fabricants de s’adapter au principe de la régulation et aux autorités d’adapter leurs procédures de contrôle. Seule la seconde étape propose des exigences ayant un sens, tout en restant bien loin des meilleures techniques disponibles.

Tant l’environnement que les consommateurs sont donc floués: ils payent à la fois pour la consommation d’énergie de ces produits et pour les conséquences des émissions de CO2 qui y sont intrinsèquement liées.

Et dire qu’il s’agit là d’une Directive somme toute mineure en termes de réductions « massives » (nécessaires) de gaz à effet de serre. Les grandes questions sont, elles, traitées actuellement à Cancun… On n’ose imaginer les résultats concrets dans un tel climat politique « de fermeté et de volontarisme »…

Extrait de nIEWs (n°85, du 09/12/12 au 13/01/11),

la Lettre d’information de la Fédération.

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Valérie Xhonneux

Anciennement: Santé & Produits chimiques