Etes-vous « pesticidaholic »?

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Après le « workaholic », va-t-on inscrire un nouveau terme dans le lexique des « dépendances » : le « pesticidaholic » ? Les principaux signes cliniques seraient : une utilisation régulière et compulsive de pesticides, une impossibilité d’admettre cette réalité et de rechercher des solutions préventives ou alternatives.

C’est une des conclusions que l’on peut tirer à la lecture du document d’actualisation 2007 du Programme fédéral de Réduction des Pesticides et des Biocides (PRPB). Pour rappel, ce programme résulte de l’application de la loi relative aux normes de produits qui a pour but de promouvoir des modes de production et de consommation durables et la protection de l’environnement et de la santé. C’est dans ce cadre que le gouvernement fédéral a approuvé en mars 2005 un premier PRPB (actualisé aujourd’hui) dont l’objectif est de « diminuer l’utilisation et la mise sur le marché de substances actives dangereuses auxquelles peuvent être exposés l’homme et l’environnement, et qui renferment les produits phytophar-maceutiques et biocides. ».

Le programme de réduction des pesticides devait constituer une première approche intégrée de la problématique causée par l’utilisation des pesticides. Nous devons malheureusement constater que les mesures planifiées pour les deux prochaines années du PRPB s’éloignent fortement de ce bel objectif en glissant peu à peu vers une approche strictement « end-of-pipe », c’est-à-dire basée sur la simple réduction des risques de l’utilisation des pesticides : sensibilisation au port d’équipement de protection, développement d’indicateurs de risques, réduction des pertes ponctuelles de pesticides,… Sur les 12 groupes de mesures, à peine deux proposent des mesures préventives de réduction de la dépendance aux pesticides.

Les systèmes actuels de production sont trop souvent conçus avec un double objectif celui de maximiser les rendements et de simplifier le travail (assolement, …), en considérant que les problèmes phytosanitaires seront ensuite réglés les pesticides. Comme le souligne une étude de l’INRA(1), « cette logique a conduit au développement de systèmes de culture spécialisés et intensifs, qui favorisent justement le développement des bio-agresseurs. Dans ces conditions qui maximisent les risques sanitaires, les pesticides apparaissent, fort logiquement, nécessaires et très efficaces. Cette cohérence technique est confortée par le faible coût relatif des pesticides, par rapport aux prix des autres facteurs de production et des productions agricoles elles-mêmes… ». Si l’on veut améliorer significativement la protection de la santé et de l’environnement, les mesures de réduction de la dépendance au pesticides sont indispensables et complémentaires à la réduction des risques. Il est urgent que les autorités s’en rendent compte et prennent des mesures concrètes en la matière : application du principe du pollueur-payeur, encadrement du négoce des pesticides (publicité, commerciaux, …), promotion de l’agriculture intégrée et de l’agriculture paysanne, soutien des méthodes alternatives, agriculture bio, et réorientation de la recherche publique au profit des alternatives libératrice de cette véritable addiction…

Note
« Réduire l’utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux », Etude de l’INRA, déc. 2005, Voir la brève .

Pour plus d’infos, consultez la pièce-jointe.

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