L’idéologie publicitaire selon François Brune

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Société
  • Temps de lecture :4 min de lecture
You are currently viewing L’idéologie publicitaire selon François Brune

« Accroître la conscience critique des citoyens, en démystifiant les discours dominants de nos espaces publics », tel est le défi lancé par François Brune, co-fondateur de « Résistance à l’Agression Publicitaire » et auteur de nombreux ouvrages critiques sur la publicité, lors d’une conférence portant sur le système capitaliste et la consommation effrénée qui en résulterait. Brève présentation pour donner envie d’aller plus loin.

Jeudi dernier, à l’occasion du lancement du cycle de conférences « Croissance, consommation, progrès, … et après ? » [ [www.etapres.be ]] organisé par IEW, en partenariat avec le CNCD[ [Centre national de coopération au développement ]], le CRIOC[ [Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs ]] et H7P[ [Heraclite & Seven Pillars ]], sur le thème générique du développement durable, nous avons eu le plaisir d’accueillir François Brune, de son vrai nom Bruno Hongre.

Co-fondateur de R.A.P. (« Résistance à l’Agression Publicitaire »[ [http://www.antipub.org (R.A.P. France), http://www.antipub.be (R.A.P. Belgique)]]), François Brune, professeur et écrivain, est davantage connu pour ses nombreux ouvrages critiques sur les médias et le discours publicitaire[[Le Bonheur conforme, essai sur la normalisation publicitaire (Gallimard, 1985) ; « Les médias pensent comme moi ! », fragments du discours anonyme (L’Harmattan, 1993/1997) ; De l’idéologie, aujourd’hui. Analyses, parfois désobligeantes, du « discours » médiatico-publicitaire et médiatiquement correct ! (Parangon, 2004).]]. Ces essais, comme le précise l’auteur, ont pour ambition « d’accroître la conscience critique des citoyens, en démystifiant les discours dominants de notre espace public ».Tel fut d’ailleurs le défi de Brune lors de son passage à Namur à l’occasion de la conférence « La consommation en question : Sommes-nous tous capitalistes ? ». Cette conférence proposait des éléments permettant de comprendre pourquoi le système économique, en dépit de ces « effets collatéraux » – dont la surconsommation – de mieux en mieux perçus par un public de plus en plus large, d’une part persiste chez nous depuis plus d’un siècle et, d’autre part, s’installe lentement mais sûrement dans les pays en développement qui s’engagent résolument dans la même voie.

Fort de sa vision analytique critique de la publicité, Brune nous a rappelé que la publicité, contrairement à ce qui est communément véhiculé, ne peut se limiter au seul ensemble de réclames en faveur de produits et services particuliers. Bien au contraire, la « pub » constitue à elle seule un vaste système économique et, surtout, idéologique, système qui quadrille toute la vie privée et publique, et qui diffuse en permanence une idéologie, c’est-à-dire, au sens le plus neutre de ce mot, à la fois une vision du monde et un mode d’emploi de la « vie ». Ce système idéologique est par essence aliénant et massivement dominant. Ce double aspect, qualitatif pour le premier, quantitatif pour le second, fait de la publicité une propagande constante, chargée de façonner et de réduire les gens au simple statut de consommateur. Afin d’assouvir son besoin infini d’expansion, notre système économique se doit de se reposer intimement sur la publicité, sans laquelle il ne pourrait répandre aussi aisément son idéologie conduisant inévitablement à la « marchandisation du monde ».

Quelques pistes de solution…

Face à la machine publicitaire et la société de consommation qui en découle, Brune invite le citoyen à inverser les traits idéologiques de cette société et ainsi à se lancer sur la voie d’une décroissance soutenable, d’une société de frugalité. Concrètement, cela implique, dans le chef du citoyen, de : réhabiliter l’immobilisme, réapprendre le désir, savoir dire «non», désacraliser le produit-héros, oser les joies invisibles, éradiquer les pulsions consommatrices et réhabiliter les valeurs humanistes[Pour en savoir plus, consulter : [Consom’acteurs. Idéologie publicitaire. Décroissance soutenable vers l’homofrugalis.]].

Stimulant, non?