Le 22 mars 2007, d’après une histoire vraie… Water Scarcity !

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Fans de frissons, vous aimerez « Water Scarcity », le thème 2007 de la journée mondiale de l’eau.
S’il y est question d’horreur, c’est uniquement sur fond de réalisme ! Car Water Scarcity signifie pénurie d’eau… et ce n’est pas une fiction.
Ne croyez pas que « pénurie d’eau » soit uniquement synonyme de sécheresse ou de Pays du Sud. Aborder la question de la pénurie d’eau dans le monde, c’est parler de l’eau « utile », celle dont la qualité correspond à nos usages ! Et là, pas de surprise, la vieille Europe est largement concernée… ses activités, même les plus récentes, ayant contaminé les ressources en eau.

Vertigineuses ascensions

Changements climatiques… Vous avez vu, dans le film d’Al Gore ou ailleurs, ces graphes si parlants : une courbe assez stable sur les 1000 dernières années puis une augmentation presque exponentielle des concentrations de CO2 et des températures sur les 150 dernières années. Gargl ! Là, sous nos yeux ! Electrochoc : tout le monde se sent concerné.
La même illustration se dessinerait sous vos yeux si vous observiez la qualité de l’eau des nappes, sous vos pieds. Préservées pendant des milliers d’années et puis massivement polluées en quelques décennies.
Or, si l’on peut affirmer que les changement climatiques vont influencer notre vie dans les années à venir, que dire alors de notre besoin le plus élémentaire et le plus fondamental : boire de l’eau potable !

L’eau, bien commun de l’humanité : un enjeu de taille

La journée mondiale de l’eau donne lieu à une série de manifestations, comme la Conférence de la Commission Européenne sur l’eau (22 et 23 mars 2007) et l’Assemblée Mondiale des Elus et des Citoyens pour l’Eau (AMECE ; du 18 au 20 mars 2007) qui se sont tenues toutes les deux à Bruxelles. Le programme de la conférence de la commission européenne se focalise sur la mise en ½uvre de la directive cadre sur l’eau. Il n’aborde nulle part, pas même dans les « challenges ahead », la question lancinante de la non-atteinte des objectifs de qualité pour l’eau européenne. En région wallonne par exemple, l’analyse montre que la majorité des masses d’eau souterraines n’atteindront pas le bon état qualitatif en 2015.

D’un autre côté, l’AMECE vise à l’engagement de ses participants pour soutenir une gestion de l’eau publique, collective, en tant que bien commun, patrimoine de l’humanité. Une des propositions concrètes, pour les pays « riches », est d’adopter le principe de l’allocation du centime d’euro par mètre cube d’eau produit pour le financement de projet de solidarité internationale. Le ministre Lutgen s’est saisi de cette idée lors du dernier Forum mondial de l’eau (Mexico, 2006) et la région wallonne vient d’instaurer un fonds de solidarité internationale. Chaque ménage wallon participera à hauteur de 0,0125 ¤ par m³ facturé.

Une des valeurs fondatrices de l’AMECE a trait à la dimension non-marchande de l’eau en tant que droit humain (universel, indivisible, imprescriptible). « L’eau ne peut pas être source de profit. Sa disponibilité fait partie du domaine des droits et du « vivre ensemble » et non pas du domaine marchand. L’eau n’est pas un bien qui puisse être gouverné par les lois de la concurrence industrielle, commerciale et financière. » Cependant, et comme le dit Ricardo Petrella, en occident l’eau à perdu sa sacralité. L’eau est instituée « bien économique » par l’Europe ; les multinationales de l’eau s’en arrachent les recettes. C’est là que divergent les avis des deux assemblées qui se tiennent côte à côte cette semaine…
Pénuries : quand la technique ne nous sauvera pas
« C’est quand même pas l’eau qui va manquer sur la planète bleue ? » entend-on répliquer. L’hydrosphère, ce sont 1386 milliards de kilomètres cubes, pensez-donc ! Oui mais seuls 9 millions sont directement utilisables, l’immense masse étant constituée d’eau salée. Et parmi les 9 millions, probablement plus de la moitié sont pollués. « Usines de dessalement » et « dépollution » ne sont malheureusement pas les réponses miracles. L’eau dessalée, du fait de son coût relativement élevé, ne peut être utilisée que pour la consommation domestique. Or, 70% des besoins mondiaux en eau concernent l’agriculture. De même, dépolluer s’avère de plus en plus irréaliste à grande échelle étant donné la multiplicité des polluants et le coût inhérent aux opérations techniques spécifiques.
Le risque est grand, en confiant notre avenir à la seule croyance en « la technique », que nos comportements ne s’adaptent pas, et que se poursuive la dégradation des ressources (gaspillages, pollutions des ressources les plus accessibles, manque de vision intégrée, abandon d’objectifs d’amélioration). Une telle logique conduit à des coûts qui deviendront vite insupportables pour la société.

L’ombre de la guerre

Les Nations Unies, en choisissant le thème de la pénurie d’eau, mettent l’accent sur l’imminence d’une crise majeure, et par là sur l’urgence à agir de façon concertée. Plus d’un milliard d’être humains n’ont pas accès à l’eau potable. Des centaines de milliers meurent des maladies que leur communique l’eau insalubre qu’ils boivent. Les prémices des guerres de l’eau assombrissent tous les continents : révolte face aux conséquences de la privatisation de l’eau en Bolivie, difficulté de négociation pour le partage de l’eau et obstacle à la paix dans le conflit israélo-palestinien, fleuves détournés par la Chine au détriment des populations kazakhes, barrages turcs privant d’eau l’Irak et la Syrie…
On se bat et l’on se battra pour une ressource qui, de l’avis des experts, deviendra rapidement plus convoitée et précieuse que le pétrole.

Pour aller plus loin :

Site des Nations Unies : World Water Day 2007

Assemblée Mondiale des Elus et des Citoyens pour l’Eau

L’eau en tant que bien commun public mondial. Ricardo Petrella, 2004-

A global problem: How to avoid war over water