Le climat à tout petits pas!

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Ce mois d’octobre a vu se dérouler deux temps forts dans la polititique climatique internationale: une session de négociations des Nations Unies à Tianjin (Chine) du 4 au 9 octobre et le Conseil des ministres de l’environnement le 14 octobre dernier durant lequel a été adoptée la position que défendra l’Union lors du prochain sommet mondial sur le climat à Cancun (Mexique). Encore une fois, les résultats sont très mitigés: certains progrès ont été enregistrés, certes, mais ils sont encore très loin d’être à la mesure du défi que représentent les dérèglements climatiques en cours. On peut tout de même saluer le travail positif réalisé par notre pays à la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne.

Tianjin

A Tianjin, les négociateurs se sont attelés à clarifier le contour d’un premier paquet de décisions qui devront être prises à Cancun ainsi que la suite du processus pour aboutir à un accord en 2011.

Des progrès ont été enregistrés dans deux domaines: l’élaboration d’un fond climat sous l’autorité des Nations Unies et les règles de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre dans l’utilisation des sols et la gestion forestières des pays développés (LULUCF). Si le premier point est une bonne nouvelle, on peut par contre davantage s’inquiéter de l’évolution du second qui permettrait au secteur forestier de ne pas prendre en compte une partie des émissions du secteur.

Pour le reste, pas grand chose ne bouge. Les suites à donner au Protocole de Kyoto, qui prend fin en 2012, restent incertaines. On peut toutefois souligner le rôle positif joué par l’UE en soutenant une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto, une position confirmée par les ministres lors du Conseil qui a suivi. L’ouverture à une poursuite du Protocole constitue en effet un signal positif important envers les pays en voie de développement qui demandent que les pays industrialisés s’engagent avec objectifs contraignants. Le travail de préparation réalisé par la présidence belge a lui aussi permis d’améliorer la confiance entre l’UE et les pays en voie de développement.

Espérons que l’Union, sous l’impulsion de la présidence belge, poursuive sur cette lancée à Cancun. Une large coalition d’Etats sera en effet nécessaire pour faire pression sur les deux géants, les Etats Unis et la Chine, qui se sont affrontés en coulisse à Tianjin, chacun tirant prétexte de l’inaction de l’autre pour ne pas avancer.

Le Conseil de l’environnement

Si l’Europe a joué un rôle positif à Tianjin dans les négociations internationales, la politique climatique européenne elle, n’avance pas.

Lors du Conseil, le débat portait en premier lieu sur le niveau d’ambition de l’Europe, plus particulièrement sur la question de savoir si l’Europe est prête à hausser son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 de 20 à 30%. Le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et le Danemark avaient déjà plaidé ouvertement pour cette cause. Une communication de la Commission européenne en mai de cette année avait démontré que l’Europe ne tirerait que des bénéfices de la réduction plus importante de ses émissions de CO2. Des chiffres récents de l’Agence européenne de l’environnement ont montré que l’Europe avait déjà réduit ses émissions de 17% depuis 1990, et que l’objectif de 30% est donc tout-à-fait à notre portée. 

La Belgique a rédigé en tant que présidente de l’UE un rapport (presidency paper) en vue de clarifier cette question et pour mettre en évidence les bénéfices qui pourraient être liés à cette décision, sans toutefois se positionner clairement dans ses recommandations. Cette initiative est très louable mais, malheureusement, elle n’a pas pu faire avancer les choses. Notre pays n’a pas réussi à intégrer dans les conclusions du Conseil l’appel à un objectif plus ambitieux lancé par les plus importants Etats membres. Or l’Europe peut difficilement attendre des autres pays qu’ils augmentent leurs efforts en matière de climat si elle-même s’en tient à des objectifs insuffisants. Si l’Europe veut contribuer équitablement à la lutte contre les changements climatiques, elle devrait hausser son objectif à une réduction à 40% des émissions d’ici 2020. D’ailleurs, un objectif revu à la hausse pour 2020 est indispensable si les Européens désirent atteindre la réduction de 80 à 95% fixée pour 2050.

Cécile de Schoutheete

Anciennement: Développement durable & Énergie