Les allumeurs du dimanche

L’incinération de déchets à domicile, une pratique du passé ? Pas encore, hélas… Il y a fort à parier que certains de nos lecteurs en ont été témoins : des volutes de fumées suspectes qui s’échappent d’un jardin voisin, et dont l’odeur évoque plus le côté acre du plastique que le sapin de Noël…

Pourtant, la loi interdit (depuis 1996!) de brûler des déchets dans son jardin, sauf si ce sont des déchets verts (bois et autres végétaux) et que le feu est fait à plus de 100 mètres de toute habitation. Cette interdiction n’a pas pour objectif d’obliger les citoyens à payer des sacs (ou bacs) pour évacuer leurs déchets. Tout simplement, le but est de préserver la santé publique.

Le premier danger de ces feux interdits, le plus visible, c’est la fumée et les particules qu’elle charrie. Irritantes, elles peuvent rester longtemps dans les poumons (au plus la particule est fine, au plus elle peut pénétrer profondément) et favoriser l’apparition d’infections respiratoires. Vient ensuite le monoxyde de carbone, surtout produit dans les feux couverts, et qui empêche le sang d’envoyer l’oxygène vers les cellules. Enfin, danger à plus long terme, les dioxines, furanes et autres résidus de combustion qui sont formés en grandes quantités par combustion des plastiques sont responsables de nombreux cancers du poumon.

Ces effets ne s’arrêtent pas à la clôture du terrain. Pire encore, les dioxines se déposent sur les sols et sont absorbées par les végétaux. Un potager régulièrement survolé de fumée est le meilleur moyen de faire entrer dioxines et furanes dans son alimentation quotidienne !

A l’heure des « poubelles à puce » on pourrait croire que ces pratiques relèvent d’un autre âge, pourtant il n’en est rien, surtout dans les communes rurales. Inter-Environnement Wallonie reçoit régulièrement des courriers de voisins pollué, souvent outrés ou dépités. Car non seulement ces pratiques sont interdites, mais elles sont encore très peu sanctionnées.

L’exemple d’une association dans la commune de Tournai. Située en zone rurale, une de ses membres se retrouve régulièrement empoisonnée par la fumée de ses voisins. La pratique dure depuis des années, malgré le passage d’un agent régional, puis des appels à la police communale qui ont amené le passage de l’agent de quartier : aucune sanction à l’encontre des empoisonneurs ! Ni l’approche éducative de l’agent régional, ni la constatation visuelle de l’origine de la fumée par l’agent de quartier n’ont amené à dresser un procès verbal pour cette infraction. Le courrier envoyé par l’association au bourgmestre de Tournai pour dénoncer la situation et le manque de réaction de la police est resté, à ce jour, sans réponse…

Face au manque évident d’enthousiasme à sanctionner ce comportement dangereux, Inter Environnement Wallonie se voit contrainte de rappeler aux autorités communales et régionales leur devoir de sanction pour protéger la santé publique. A l’occasion des élections communales, espérons que ce dossier devienne d’une actualité brûlante. Il le sera en tout cas pour Inter-Environnement Wallonie dans les mois qui viennent…