Limiter les émissions de C02 de l’aérien via une taxe sur les billets

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Climat
  • Temps de lecture :4 min de lecture
You are currently viewing Limiter les émissions de C02 de l’aérien via une taxe sur les billets

Dans le contexte actuel d’obligation de réduction des émissions de CO2 et connaissant le fort impact du secteur aérien au niveau environnemental, toute mesure visant à réduire l’utilisation de ce mode de transport devrait être promue.

Plutôt que de choisir d’investir encore dans le développement des aéroports, le gouvernement wallon et/ou fédéral pourraient décider de faire payer au secteur sa contribution en termes de taxes, au même titre que les autres modes de transport (train, autocars) au lieu de lui faire bénéficier des exemptions dont il profite depuis des années.

En particulier, une taxe sur le kérosène et une taxe sur les billets d’avions pourraient être appliquées et auraient pour effet très probable de réduire la demande et de générer les mêmes revenus pour un nombre moins importants de vols et donc une moindre pollution.

L’absence de ces taxes représente actuellement pour le gouvernement un manque à gagner qui n’est pas justifié et qui en outre, s’ajoute, aux différentes aides publiques dont ont bénéficié les aéroports en Wallonie. Ce secteur, très polluant, bénéficie en effet de multiples formes de subventionnement.

L’idée n’est bien sûr pas neuve : en 2008, le ministre des finances proposait de mettre en place une telle taxe et, en 2013, le gouvernement wallon envisageait d’en instaurer une de 3 euros sur les billets d’avion pour les vols au départ des aéroports de Charleroi et de Liège. Inter-Environnement Wallonie avait alors salué cette mesure[[http://www.iewonline.be/taxe-wallonne-sur-les-billets-d-avion-le-courage-de-l-autruche]]. Dans ces deux cas, le projet a avorté, soit par peur de conséquences économiques négatives soit (dans le deuxième cas) parce que le gouvernement a finalement trouvé l’argent ailleurs.

Parmi les jeux d’influences exercés contre ce type de mécanisme figure en bonne position le chantage des compagnies aériennes (telles que Ryanair) qui menacent de délocaliser une (bonne) partie de leurs vols si cette taxe est appliquée en faisant valoir le fait que la taxe entraînera une baisse importante de la demande (et du trafic) et donc une baisse de compétitivité des aéroports où elle est appliquée[[http://www.lesoir.be/archive/recup/283055/article/actualite/belgique/2013-07-17/taxe-3-euros-ryanair-menace-gouvernement-wallon et https://www.lecho.be/content/echo/fr/mme-articles/81/00/91/8100916]]. Ce chantage est rendu possible par la forte compétition qui existe entre des aéroports relativement proches d’un point de vue géographiques (et donc entre lesquels les habitants d’une région peuvent aisément faire un choix en fonction du prix des billets).

Pour contrer ce chantage, il faudrait que plusieurs pays ou régions limitrophes décident d’appliquer conjointement cette taxe. C’est précisément l’ambition que poursuit actuellement l’association européenne Transport & Environment (T&E). Quelques Etats membres de l’Union Européenne (UE) appliquent une taxe sur les billets et T&E coordonne une initiative en collaboration avec des ONG afin que cette pratique puisse être étendue à d’autres états membres de l’UE.

Outre son caractère « collectif », deux dimensions sont importantes par rapport à l’application d’une telle taxe. D’une part, il faudrait pouvoir être clair sur ces objectifs afin d’éviter toute ambiguïté sur son interprétation et dans le cadre de l’évaluation des résultats qu’elle engendrerait. Cette taxe serait destinée à limiter le nombre de vols sans diminuer les revenus générés par le secteur. C’est à l’aune de cet objectif que la réussite de l’entreprise pourra être jugée.

Par ailleurs, idéalement, elle devrait viser à assurer une équité sociale au niveau de l’utilisation du transport aérien et pénaliser davantage les utilisateurs plus fréquents et ceux qui parcourent le plus de kilomètres. Ainsi, aux Royaume-Uni, une ONG environnementale travaille sur un projet de taxe « Frequent Flyers » qui permettrait un taux de taxation variable selon cette logique. Affaire à suivre donc…