Pollueurs… pollués!

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Une étude menée par une équipe de chercheurs de l’Inserm[[Institut national de la santé et de la recherche médicale, équipe de chercheurs coordonnée par Jean-Paul Morin (unité 644). Cette information a été livrée en exclusivité par le JDD suite à la présentation à Paris des résultats provisoires de cette étude lors des rencontres scientifiques de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail]] de Rouen révèle que la pollution à l’intérieur des véhicules peut atteindre des niveaux extrêmes, et dangereux, particulièrement dans les bouchons. Au point que les occupants d’une voiture peuvent être davantage exposés à des gaz nocifs qu’un bébé dans une poussette (c’est tout dire…).

La pollution dans l’habitacle des voitures en circulation peut atteindre des niveaux extrêmes, très largement supérieurs aux niveaux acceptés par les autorités sanitaires. Elle fait apparaître un problème à la fois méconnu de l’opinion publique et sous-estimé par les pouvoirs publics… et l’industrie automobile !

En plaçant des capteurs à l’intérieur d’un véhicule-laboratoire, une équipe de chercheurs coordonnée par Jean-Paul Morin, de l’unité 644 de l’Inserm de Rouen, a réussi pour la première fois à mesurer en temps réel la pollution respirée par un conducteur. Jusqu’à présent, les études semblables utilisaient du matériel moins sophistiqué et n’obtenaient que des moyennes, en ignorant les pics.

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 200 microgrammes/m3 de dioxyde d’azote, l’un des principaux polluants routiers (sur une heure d’affilée plus de dix-huit heures par an), la concentration moyenne mesurée a varié dans l’habitacle du véhicule entre 200 et 600 µg/m3 (dans le tunnel sous La Défense), avec une pointe à près de 2000 µg/m3 en bout de tunnel !

Autrement dit sauf à ne rouler que sur des routes de campagne désertes, un automobiliste est presque tout le temps soumis à des concentrations que l’OMS recommande de ne pas dépasser plus de dix-huit heures par an. Or l’automobiliste moyen passe facilement une heure par jour dans son véhicule…
Les résultats pour les particules très fines, les plus dangereuses, sont tout aussi notables. Alors que la recommandation de l’OMS est 20 microgrammes/m3, les concentrations moyennes observées ont été de 80 à 480 µg/m3 (sous le tunnel de La Défense), avec une pointe à près de 1000 µg/m3.

« L’habitacle ne protège pas de la pollution, bien au contraire. On respire dans les voitures un air largement plus pollué que sur les côtés de la route, et les pointes peuvent atteindre des niveaux qui amèneraient à fermer des usines » indique Jean-Paul Morin.

De son côté, Airparif (le réseau de mesure de la qualité de l’air en Ile-de-France), qui a obtenu des résultats concordants lors d’une étude complémentaire menée à Paris et en Ile-de-France, résumait vendredi soir la situation en affirmant qu’ « un enfant dans sa poussette est moins exposé à la pollution que dans son siège auto ».

Les deux études montrent que la pollution subie par les conducteurs provient essentiellement du véhicule qui les précède, les prises d’air étant situées à la hauteur des pots d’échappement. Autre constat : la nature du véhicule de devant est plus importante que la densité du trafic. Le pire étant d’être derrière un véhicule qui accélère à plusieurs reprises, ce qui est notamment le cas dans les bouchons.

La publication du rapport final est prévue en novembre. A suivre…
Nous espérons que cette étude apportera également des précisions sur les polluants issus des matériaux même de l’habitacle (solvants, peintures, matières synthétiques…) et de la combustion du moteur ou du réservoir même de la voiture (métaux lourds, composés organiques volatiles…).

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