Prolonger les réacteurs nucléaires, est-ce vraiment moins cher ?

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La guerre des chiffres lancée par la NVa…

En décembre la NVa décidait de bloquer la signature du pacte énergétique. Raison invoquée : sortir du nucléaire en 2025 serait trop cher. Pour étayer leur dire, les nationalistes flamands se basaient principalement sur une étude réalisée en janvier 2017 par le centre d’études Energyville à la demande des grands consommateurs d’énergie industriels de notre pays (FEBELIEC). Cette étude arrivait à la conclusion que prolonger 2 réacteurs jusqu’en 2035 apporterait une économie annuelle de 600 millions €/an.

IEW associée à Greenpeace et au BBL, la fédération des ONGs environnementales flamandes, a décidé de démonter cet argument de la NVa de la manière la plus simple qui soit. Nous avons simplement demandé au même centre de recherches (Energyville) de reprendre les mêmes scénarios énergétiques en mettant juste à jour certaines variables de base sur lesquelles les chercheurs se basaient pour arriver à leurs conclusions !

Les deux variables que nous avons demandé de mettre à jour sont :

  • Le prix du gaz à l’horizon 2030. Alors qu’en 2017, le centre d’études Energyville se basait sur des estimations de l’agence internationale de l’énergie de 2014, nous avons pris les estimations les plus récentes d’octobre 2017 de la banque mondiale… Ce nouveau paramètre est largement celui qui a le plus d’influence sur les résultats.

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  • Nous avons aussi voulu modifier le taux de disponibilité des deux réacteurs nucléaires qui seraient prolongés au-delà de 2025. En effet, en janvier 2017, Energyville avait tablé sur le fait que les réacteurs resteraient disponibles 100% du temps Dans les faits, nos réacteurs a fortiori parce qu’ils sont âgés, doivent régulièrement être fermés, et souvent de manière inattendue. Ce qui entraine évidemment un coût à prendre en compte. En pratique, on remarque que cette variable a finalement peu d’influence sur le coût…

Prolonger les réacteurs… Pas moins cher…

Les conclusions de la nouvelle étude sont évidentes. Dans l’étude réalisée pour Febeliec en janvier 2017, Energyville estimait le surcoût d’une sortie du nucléaire à 608 millions €/an par rapport à une prolongation de 2 réacteurs de 10 ans. Dans son rapport mis à jour à notre demande, Energyville estime que la différence n’est plus « que » de 234 millions €/an, soit 4 % seulement du montant total des coûts à l’horizon 2030 !

Mieux, si on regarde à l’horizon 2040, la différence de coût entre les scénarios avec ou sans sortie du nucléaire a complètement disparu ! En effet, la prolongation de 2 GW de capacité nucléaire ne fait finalement que repousser la nécessité d’investir dans des capacités de remplacement, elle ne la supprime pas !

Mais alors pourquoi garder des réacteurs vieillissants ouverts ?

Si l’avantage économique d’une prolongation des centrales nucléaires disparaît… Pourquoi prolonger ? Sans rentrer dans un discours de peur, il est évident que des réacteurs poussés au-delà de leurs 40 ans de durée de vie prévus lors de leur construction sont plus dangereux et que, même si la probabilité d’un accident majeur reste faible, ses conséquences sur notre pays si densément peuplé sont tout simplement incalculables… Sans parler des déchets nucléaires que nous continuerions à produire pour 10 années de plus…

Il est encore temps de sortir du nucléaire en 2025, comme on l’avait décidé en… 2003 ! A moins bien sûr que l’argument économique développé par la NVa ou par d’autres acteurs industriels ne soit qu’une excuse pour prolonger une filière nucléaire exsangue ? Mais alors, dans l’intérêt de qui ?