Quand les odeurs montent au nez

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Il y a une dizaine de mois, IEW et les comités de riverains des centres de compostage de déchets organiques avaient rencontré le ministre Lutgen pour lui remettre un Cahier de revendications « Oui au compostage, mais pas n’importe où ni n’importe comment ».
Initiative constructive en ce qu’elle avait amené le ministre à s’investir dans la résolution des dossiers problématiques (Agricompost et Biocentre de Jeneffe à Grâce-Hollogne, Agrophil à Villers le Gambon). Parallèlement, nous avions contacté l’administration de l’environnement pour discuter des conditions sectorielles relatives aux installations de compostage. Les textes sont en cours de finalisation… depuis 9 mois !
Les avancées se font attendre, et les riverains s’épuisent et perdent patience devant la lenteur des processus de concertation et de prise de décision. Comportement légitime dans la mesure où ils vivent au quotidien des désagréments notoires : certaines odeurs ont difficiles à se faire oublier !
Pourtant, et nous n’aborderons ici que le cas de Villers le Gambon, les choses étaient bien parties : la concertation a amené l’exploitant, les riverains, la commune et la Région wallonne à considérer la délocalisation du centre de compostage d’Agrophil comme la meilleure solution. Un site a été envisagé mais une série d’obstacles administratifs et budgétaires restent cependant à résoudre, ce qui nuit inévitablement à l’avancement du dossier.
Poussé par une odeur persistante,le Bourgmestre et son Conseil communal ont donc pris unanimement la décision d’apposer des scellés sur l’entreprise ; mesure qui a été cassée par le Tribunal de Dinant (suite au recours introduit par l’exploitant)argumentant qu’aucun rapport, instruction ou injonction des fonctionnaires régionaux compétents, conformément au Permis d’environnement, n’autorise la Ville a prendre une telle mesure !
Entretemps, élections obligent, le Conseil communal a décidé de suspendre toute concertation visant à la délocalisation du site…
Plusieurs pistes sont possibles pour avancer sur ces dossiers. Il s’agit tout d’abord de véritablement faire un pas au niveau législatif pour combler les lacunes en matière de prévention, suivi, contrôle et sanctions des nuisances olfactives. Ceci passe par les conditions sectorielles relatives aux centres de compostage mais aussi par un décret « odeurs » et une réforme réelle et profonde de la police de l’environnement.
Au niveau local, il serait utile d’élargir le triangle infernal : riverain / décideur / exploitant et refaire le point sur la question. Par exemple en suscitant des échanges entre pouvoirs locaux confrontés à la même problématique. Ou en créant un lieu d’échanges de bonnes pratiques entre exploitants. Car des centres de compostage « qui ne puent pas » ça existe !
Inter Environnement Wallonie va continuer à suivre ces dossier et cette problématique car il est nécessaire de trouver un cadre clair, réfléchi et acceptable pour développer cette filière de recyclage des déchets organiques que nous produisons tous.

Canopea