Impulsées il y a plus de 20, les conférences ministérielles du processus européen Environnement et santé visent à élaborer des politiques et mesures en matière d’environnement et de santé, fondées sur des bases factuelles, et de faire progresser les travaux menés dans les domaines de l’environnement, de la santé et du bien-être dans la Région européenne de l’OMS. Au sein de l’Union Européenne, cette dynamique s’est traduite par l’adoption, en 2004, du programme d’actions environnement et santé, et au niveau Belge par l’adoption des plans d’actions nationaux (NEHAP ) et régionaux (citons en particuliers le programme d’actions régionales environnement santé, le PARES).
La conférence de Budapest, en 2004, a inscrit la protection de la santé des enfants comme une priorité. En 2010, la conférence de Parme fixait des balises claires à l’action des Etats-Membres pour plusieurs thématiques émergentes ou connues de longues dates : qualité de l’air extérieur et intérieur, accès à l’eau potable, substances chimiques (perturbateurs endocriniens, nanomatériaux), changements climatiques, notamment. Mais le bilan de la mise en œuvre de ces engagements n’est pas à la hauteur des enjeux : les niveaux de polluants atmosphériques restent bien supérieurs aux seuils fixés par l’OMS, l’environnement des enfants n’est toujours pas exempt de polluants chimiques – dont les perturbateurs endocriniens, pour lesquels nous ne disposons toujours pas des critères d’identification prévus par la législation européenne – etc. La dynamique européenne n’a pas été reconduite au delà du premier programme d’action, mais un chapitre « santé » a été intégré dans le 7eme programme d’action pour l’environnement. En Belgique, le NEHAP et le PARES ont atteint leurs termes respectifs sans que de nouveaux plans ne soient réimpulsés (jusqu’il y a peu dans le cas du PARES, le Ministre Di Antonio ayant annoncé le lancement de la rédaction d’un nouveau plan d’action régional, nous y reviendrons).
La conférence d’Ostrava sonne donc comme une opportunité majeure et incontournable pour redynamiser ces processus et réimpulser des actions – notamment locales – pour réduire la pollution de notre environnement, et les atteintes sanitaires générées par ces pollutions. Celles-ci sont en effet conséquentes : l’OMS estime que pour la seule Europe, 1,4 millions de décès sont attribuables chaque année à des facteurs environnementaux évitables. Un des moyens identifiés pour renforcer cette mise en œuvre passe par une meilleure intégration des différentes dynamiques internationales, notamment en développant des liens entre la déclaration d’Ostrava et les objectifs de développement durable pour 2030.
Mais renforcer les liens avec les politiques existantes sera loin d’être suffisant. C’est bien de la volonté de la part de tous les acteurs et de la définition d’objectifs ambitieux – et de la mise à disposition des moyens nécessaires pour les atteindre – que l’amélioration de la qualité de notre environnement dépendra. A titre d’exemple, il est décevant de constater dans le projet de texte que les perturbateurs endocriniens ne sont mentionnés que comme nécessitant la définition de méthodologies harmonisées d’identification de leurs impacts sanitaires – et non pas comme enjeu nécessitant l’adoption de mesures de prévention et de réduction de l’exposition des futures mamans et des jeunes enfants !