2050.be, un travail remarquable

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  • Post category:Climat
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Le Conseil Fédéral du Développement Durable se penche actuellement sur l’étude « Scénarios pour une Belgique bas carbone à l’horizon 2050 » publiée en novembre dernier[ [Résumé en français;
Rapport complet en anglais]]. C’est l’occasion de présenter le travail important et de qualité réalisé à la demande du Service fédéral Changements climatiques par Climact et le Vito ainsi que le site qui l’accompagne.

Du point de vue de la méthodologie, l’étude identifie plus d’une centaine de leviers technologiques et comportementaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, tant du côté de la demande énergétique (niveau d’isolation des bâtiments) que de l’offre énergétique qui y répond (capacité éolienne installée). Pour chacun de ces leviers, différents niveaux d’ambition sont définis de 1(poursuite de la tendance actuelle) à 4 (potentiel physique ou technique maximum). L’étude prend comme point de départ un maintien de l’activité industrielle et suppose que l’ensemble des pays du monde entreprennent des efforts équivalents. Seules les technologies existantes sont prises en compte à l’exception notable de la capture et du stockage de carbone (CCS) et de la géothermie profonde.

L’étude présente 5 scénarios qui atteignent au minimum 80 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Belgique en 2050 (par rapport à 1990) en plus d’un scénario de référence qui prolonge la tendance actuelle.

 le scénario central (-80% de GES) active tous les leviers autour du 3e niveau d’ambition

 Les scénarios comportement et technologie (-80% de GES) sont deux variantes du scénario central. L’un pousse à leur niveau maximum les leviers comportementaux, l’autre les leviers technologiques ce qui permet de diminuer le recours aux autres leviers.

 Un scénario de réduction de 95% des GES poussent au niveau 4 tous les leviers, ce qui constitue un défi majeur pour la société mais pas forcément un changement de paradigme.

 Enfin, un scénario intégration UE (- 87% de GES) se concentre sur le volet de l’offre avec un système énergétique basé en grande partie sur les renouvelables et prend pour hypothèse un système énergétique basé en grande partie sur le renouvelable et un réseau électrique européen fortement développé et intégré.

Le calculateur en ligne permet de définir sa propre trajectoire pour la Belgique en choisissant le niveau d’ambition des principaux leviers et de la partager. Cet outil interactif permet d’explorer les impacts de ses choix sur les émissions de gaz à effet de serre bien sûr mais aussi l’offre et la demande d’énergie, l’électricité, la sécurité énergétique, les coûts…

Le site qui accompagne l’étude regorge aussi de ressources : mapping des initiatives de transition bas carbone pour différents niveaux de pouvoir, analyses détaillées par secteur et études complémentaires sur les modélisations à l’horizon 2050, la gestion de la transition, les enjeux en matière de formation.

La Belgique s’est engagée à réduire ses émissions de GES de 80 à 95% d’ici 2050 et à élaborer pour les Nations unies une stratégie de développement bas carbone. La présente étude permet d’explorer des futurs possibles pour que la Belgique contribue à éviter de graves bouleversements de notre climat. Grace à ses analyses rigoureuses, elle pose des bases solides pour initier un débat sur la transition de notre pays. On reste néanmoins interpellé par le fait que tous les scénarios sauf le « comportement » font appel à la capture et stockage de carbone (CCS) alors que rien ne permet d’affirmer à ce jour que cette technologie fera ses preuve.

Si on veut atteindre l’objectif recommandé par les organisations environnementales de -95% en 2050 sans recours au CCS, il faudra donc revoir certaines hypothèses de l’étude en matière de production industrielle et/ou pousser les leviers comportementaux encore d’un cran, les leviers techniques étant déjà à leur maximum. Heureusement, il existe encore une marge pour ces leviers comportementaux notamment en matière de mobilité (par exemple la voiture représente encore 55% des déplacements en 2050 pour le niveau 4 contre 77% aujourd’hui). Mais ce message est difficile (impossible ?) à faire passer dans une société qui promeut une consommation débridée.

Il s’agit in fine d’accepter de vivre plus simplement… pour que simplement d’autres puissent vivre, comme le disait Gandhi.

Cécile de Schoutheete

Anciennement: Développement durable & Énergie