Après Doha, l’espoir s’amenuise…

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La journée de retard sur l’agenda prévu et l’affrontement qui opposa le président de cette COP au représentant de la Russie illustrent bien la difficulté que les États ont éprouvée pour arriver à un nouvel accord (minimaliste) sur le climat.
Autant le dire tout de suite, nous ne partageons pas la satisfaction de Melchior Wathelet quant à ce texte obtenu à l’arraché. Certes, ce Sommet n’avait pas l’ambition d’obtenir un accord global de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) mais il devait trancher au moins deux grands dossiers le moins que l’on puisse écrire est qu’il se contenta d’un service minimum.

Le premier ces dossiers était la question de la prolongation du Protocole de Kyoto. Seul traité international contraignant un certain nombre de pays à diminuer leurs émissions de GES, il s’achève en cette fin d’année 2012. Il était donc primordial de le prolonger sachant qu’un nouvel accord ne sera pas signé avant 2015 pour entrer en vigueur en 2020 (si tout va bien…).

Certes, Kyoto va continuer pour 8 années supplémentaires et couvrira la période de transition 2013-2020. Mais hormis le fait qu’il permette de sauvegarder les outils juridiques de ce protocole, l’accord obtenu n’a pas grand chose de positif. En effet, alors que les pays de l’Annexe 1 (c’est-à-dire les pays industrialisés, historiquement responsable du réchauffement climatique) ayant ratifié cette convention couvraient jusqu’à présent quelque 55% des émissions de GES mondiales, la seconde période d’engagement concernera à peine 15% des émissions globales. C’est que,dès avant Doha, de nombreux États (notamment la Russie, la Canada, le Japon et la Nouvelle Zélande) avaient déclaré ne pas vouloir s’engager dans cette seconde phase tant qu’un nouvel accord englobant l’ensemble des pays n’était pas trouvé. Par ailleurs, les pays qui poursuivent le protocole (l’Union européenne, la Croatie, l’Islande, et huit autres pays industrialisés dont l’Australie, la Norvège et la Suisse) n’ont pas encore définis leurs objectifs de réduction alors que, par exemple, l’Union européenne a déjà atteint depuis 2011 l’objectif qu’elle s’était fixé pour 2020.

Le second dossier portait sur la question du financement de l’aide aux pays en voie de développement, premières victimes des changements climatiques. Lors de la Conférence de Durban, en 2011, les pays industrialisés s’étaient mis d’accord pour créer un fond vert visant à aider ces pays en développement à faire face aux conséquences du réchauffement climatique et à réduire leurs émissions. Si quelques États ont bien annoncé un financement, la question de l’alimentation de ce fond qui, rappelons-le, doit être alimenté de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, reste encore très incertaine. L’accord engrangé à Doha ne dépasse en effet guère la déclaration d’intention puisqu’il « presse les pays développés à annoncer de nouvelles aides financières quand les circonstances financières le permettront et à soumettre au rendez-vous climat de 2013, à Varsovie, les informations sur leurs stratégies pour mobiliser des fonds afin d’arriver à 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 »

Alors que l’objectif d’un réchauffement global maintenu sous la barre des 2C° à l’horizon 2100 ne semble déjà plus tenable, alors que l’ouragan Sandy ou le typhon Bopha nous ont rappelés tout dernièrement les conséquences catastrophiques des changements climatiques, les pays industrialisés tardent encore et toujours à s’engager dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
L’année prochaine, on reprendra donc les mêmes et recommencera les négociations pour, espère-t-on, baliser le chemin pour arriver à un accord en 2015. Après le Qatar, premier pollueur mondial par habitant, les pays membres des Nations Unies se retrouveront en Pologne, pays fer de lance du gaz de schiste et du charbon en Europe. Voilà un présage que l’on peine à trouver porteur d’espoirs…