Complexe « Citadelle » à Farciennes: Inter-Environnement Wallonie introduit un recours

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La fédération Inter-Environnement Wallonie a introduit auprès du Ministre Antoine un recours demandant l’annulation du permis délivré par la Commune de Farciennes pour la construction et l’exploitation de ce qui devrait être le plus grand centre commercial de Belgique.

L’action d’IEW se fonde sur plusieurs points de Droit et dénonce les effets économiques, sociaux et environnementaux néfastes de ce projet pharaonique.

Le 30 août dernier, le Conseil communal de Farciennes a accordé le permis unique autorisant la construction et l’exploitation du complexe commercial « Citadelle ». Ce projet porte sur l’aménagement de 91.229m2 devant abriter quelques 188 magasins principalement dédiés à l’«équipement de la maison ».

Inter-Environnement Wallonie, fédération des associations environnementales, a introduit auprès du Ministre en charge du Logement, des Transports et du Développement territorial, André Antoine, un recours demandant l’annulation de ce permis.

IEW fonde son action sur plusieurs arguments juridiques dont le non-respect de l’article 1 du CWATUP (Code wallon de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et du patrimoine). Le permis unique inclut en effet un permis d’urbanisme dont les critères de délivrance figurent à l’article 1 §1 du CWATUP, lequel impose que les décisions d’aménagement et d’urbanisme « rencontrent de manière durable les besoins sociaux, économiques, patrimoniaux et environnementaux de la collectivité par la gestion qualitative du cadre de vie, par l’utilisation parcimonieuse du sol et de ses ressources et par la conservation et le développement du patrimoine naturel et paysager. » Or, selon la fédération, le projet concerné aura des effets directs et indirects négatifs sur les plans économique, social, environnemental et culturel.

Ainsi, par sa localisation en dehors de l’agglomération carolorégienne et sa configuration, le complexe projeté induira inévitablement un accroissement des déplacements automobiles ; les clients qui fréquentent aujourd’hui les commerces du c½ur de Charleroi ou de Namur, facilement accessibles en transport en commun et densément peuplés, prendront leur voiture pour venir remplir le parking de près de 5000 places les attendant à « La Citadelle ». Difficile ensuite de mener des campagnes de sensibilisation pour inviter les citoyens à laisser leur voiture au garage… Or, il importe de rappeler que la part de la mobilité dans les émissions de gaz à effet de serre responsables des changements climatiques a crû de 40% entre 1990 et 2006… Le choix d’une implantation judicieuse pour les commerces générant d’importants flux de personnes est donc un enjeu politique majeur.

Autre menace induite par ce projet : la concurrence. A en croire l’étude d’incidence, le bilan global en terme d’emploi serait positif: 1711 créations de postes pour 421 à 674 pertes dans les commerces actuels obligés de fermer leurs portes face à la concurrence du nouveau complexe. Il convient toutefois de préciser que ces chiffres ne tiennent pas compte des emplois perdus en France (entre 190 et 119 d’après l’étude) et se basent sur l’hypothèse que la surconsommation peut assurer entre 421 et 168 emplois ! L’étude d’incidence stipule en effet que : « vu l’attractivité du projet et son concept fun shopping, une partie du chiffre d’affaire du projet et des emplois générés par celui-ci se réalisera grâce à une surconsommation de la part des chalands, c’est-à-dire que grâce à l’ambiance propice à la consommation, les clients vont consommer beaucoup plus que ce qu’ils avaient prévu dans le centre commercial ». Dans une région où le chômage atteint 25,5%, voilà qui semble pour le moins cynique…

Par ailleurs, l’impact de la fermeture de commerces en centre ville ne se limite pas à l’emploi. Deux ou trois vitrines vides peuvent gangrener tout un quartier : les commerces ferment, les logements se vident ou se dégradent et la spirale du déclin est amorcée. La collectivité devra alors dégager des fonds pour rénover ces quartiers centraux. Et peut-être doit-elle aussi s’attendre à prendre un jour en charge la réaffectation d’une immense friche commerciale… L’hypothèse d’un échec économique ne semble en effet pas absurde quand on sait que si les différents projets autorisés dans la région de Charleroi se réalisent, l’offre commerciale actuelle y sera doublée ! Le centrage de « La Citadelle » sur « l’équipement de la maison » a permis de « faire passer la pilule » en affichant une complémentarité avec l’appareil commercial existant mais, sans faire de procès d’intention, on peut mettre en doute la viabilité en un même lieu de centaines de magasins de bougies, de divans ou de fleurs…

Il est à noter que l’action d’IEW ne devrait pas être isolée puisque l’association Namur 80 ainsi que les communes de Namur et de Sambreville ont fait part de leur intention d’introduire, elles aussi, un recours.

Gageons donc que le Ministre saura prendre la juste mesure des enjeux de ce projet et arrêtera une décision en phase avec les objectifs et les exigences d’un développement territorial harmonieux et durable.

N’hésitez pas à télécharger ci-contre l’intégralité du recours d’Inter-Environnement Wallonie.

Contacts :

 Pierre Titeux, Attaché de presse : 081.255.284 – 0479.497.656

 Sophie Dawance, Chargée de mission «Aménagement du territoire» : 081.255.264 – 0496.128.022