Des ONG annoncent : « Manger ou conduire, il faudra choisir! »

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Inter-Environnement Wallonie, Inter-Environnement Bruxelles, 4X4info, Friends of the Earth Vlaanderen en Brussel et Oxfam Solidarité ont organisé ce matin, en marge du Salon de l’Auto, une action visant à dénoncer les dangers du recours aux agrocarburants. Les ONG ont démontré comment les cultures destinées à la production de ce carburant « vert » entrent en concurrence avec celles à vocation alimentaire.
Pour les organisations, les agrocarburants ne constituent pas une solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et faire face à la fin annoncée du pétrole. Leur utilisation génère par contre une hausse des cours des produits agricoles lourde de conséquences pour notre pouvoir d’achat mais plus encore pour l’accès des populations du Sud à des denrées alimentaires de base.

Une centaine de personnes mobilisées par Inter-Environnement Wallonie, Inter-Environnement Bruxelles, 4X4info, Friends of the Earth Vlaanderen en Brussel et Oxfam Solidarité se sont rassemblées ce matin devant les portes du Salon de l’Auto pour une « cérémonie d’offrande à la déesse Automobile ». Des pains ont été déposés au pied d’une icône représentant un 4X4 afin de symboliser la concurrence entre agriculture à vocation alimentaire ou à finalité énergétique. La quantité de pains récoltés a ensuite été convertie en équivalent agrocarburant. Résultat : les céréales utilisées pour réaliser ces 120 pains auraient permis de produire 15 litres d’agrocarburant.
Le pain a ensuite été rompu et distribué aux visiteurs du Salon avec un document expliquant les enjeux.

La démonstration visait à illustrer un message en forme d’avertissement : « Manger ou conduire, il faudra choisir ! » Sachant que le plein « agrocarburant » d’une grosse berline nécessite 250kg de céréales (de quoi nourrir une personne pendant un an), il est en effet évident qu’une production à grande échelle de ce carburant alternatif exigera des surfaces agricoles importantes. Or, les terres vouées à cette culture « énergétique » ne seront plus disponibles pour des plantations à vocation alimentaire. L’offre de denrées de base va se réduire et leur prix augmentera alors d’autant plus vite que la demande sera elle en augmentation constante. Cette hausse des produits agricoles risque d’atteindre des sommets car elle résultera non seulement de leur rareté mais également de leur « compétition » avec le pétrole : le cours des uns sera lié au cours de l’autre. Chez nous, cela se traduira par une diminution du pouvoir d’achat ; pour les populations moins favorisées du Sud, des denrées de base deviendront inaccessibles d’où malnutrition voire famine.

Pour IEW, IEB, 4X4info, FoE Vlaanderen en Brussels et Oxfam Solidarité, les agrocarburants ne pourront prendre, au mieux, qu’une part infiniment marginale dans la solution des problèmes cruciaux que sont les émissions de gaz à effet de serre et la raréfaction de la ressource pétrolière. Il importe donc de ne plus les présenter comme la panacée et de mettre chacun devant ses responsabilités : imposer aux constructeurs automobiles de produire des véhicules moins lourds, moins puissants, moins gourmands et moins polluants ; développer les outils de sensibilisation, les mesures incitatives mais aussi les infrastructures nécessaires à ce que le public délaisse la déesse Automobile pour lui privilégier, chaque fois que c’est possible, les transports en commun ou les modes de déplacements doux (marche, vélo).