Des émeutes pour plus d’austérité!

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Du 14 au 21 août 2007, un bon millier de militants de tous horizons se sont rendus dans le Camp for Climate Action dressé à deux pas des pistes de l’aéroport d’Heathrow, au nord de Londre. Le slogan principal de cette (presque) nouvelle forme de mobilisation: nous ne voulons pas plus, mais moins! Coup d’oeil sur ces actions musclées… d’humour, de saine désobéissance et d’imagination débridée.

Un triple objectif

Les militants, regroupés autour d’un chapiteau et d’une éolienne (pour les ordis et les connexions internet haut débit) ont donc squatté une prairie de la bourgade de retraités et de petite classe moyenne d’Heathrow, et invité les participants à « l’action climatique« . Cette semaine d’action se structurait autour d’un triple objectif:

 mener des actions de protestation,

 former des militants à la recherche environnementale,

 proposer des expériences de pratiques alternatives.

Les actions de protestation se sont focalisées sur une journée de désobéissance civile et de blocages ciblée sur la dénonciation de la voracité énergétique croissante du secteur aérien. Excellente initiative que la fédération va prochainement faire sienne en tentant d’élargir le champ de la dénonciation aux sphères sociales et économiques.
La formation des militants a pris de multiples voies, depuis des ateliers sur la notion d' »activisme soutenable », jusqu’à la radiographie du fonctionnement de la British Airport Authority en passant par une présentation du « système contraction-convergence » modélisant les politiques publiques occidentales pour les cinquante années à venir.
Quant aux expériences pratiques, elles étaient aussi diverses que l’utilisation des toilettes sèches ou la cuisine végétarienne.

Ce qui compte, ce n’est pas qui nous sommes, mais ce que nous voulons

Le camp s’organisait par quartier et selon les principes du « Do it yourself »: personne ne dit ce qu’il faut faire, ni ne demande quoi que ce soit! Mais ça marchait et ça s’organisait efficacement et rapidement. Une simple bâche pour protéger de la pluie un « piquet de résistance », se transformait en tente bédouine dans laquelle circule du thé chaud. On manifestait derrière une banderole « nous ne sommes armés que de la science évaluée par nos pairs » en tenant en l’air un rapport du centre climatique Tyndall sur les émissions de C02 du secteur aérien.
Il s’agissait, à travers cette manifestation, de sortir de la seule contestation souvent reprochée aux divers rassemblements alter-mondialistes et de proposer son propre projet de société en imposant son propre calendrier. En l’occurrence, ici, moins de dépenses énergétiques, de consommation, de croissance économique.
Autre principe: pas de leader ou d’organisation dominante! En lieu et place, organisation horizontale et décision par consensus. Principe qui exclut drapeaux et logos du camp, ainsi que des tribunes, trop tentantes pour qui aime un peu trop monopoliser la parole. Quel « sagesse » quand on sait l’énergie que peut prendre le souci, motivé (à juste titre?) par l’efficacité, d’être visible (plus visible que d’autre?) dans le monde des ONG!

Un fair-play et un humour très british

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Même si, dès le départ, la police était présente, les heurts furent rares et le respect réciproque était de mise et relativement bien respecté. Les militants étaient, sur ce point également très « organisés » et étaient conscients que ce n’est pas à la police qu’ils s’attaquent, mais aux changements climatiques. Un dérapage peut faire perdre toute crédibilité.
Le rapport aux médias était aussi très intéressant. Basé sur l’idée du média alternatif Indymedia qu’il ne faut pas détester les médias, mais être les médias, les rapports étaient « sains », c’est-à-dire moins empreints de la méfiance que l’on peut généralement observer sur le continent, surtout de la part de la « grande » presse.

Mais qui étaient-ils?

Jade Lindgaard, auteure du reportage des inrockuptibles (dont cette niews s’inspire franchement) les présente ainsi: des familles hippies, une poignée de punks, des vieux anars affichés, des étudiants, des thésards, des chercheurs, des hommes d’Eglise, des chefs scouts, des retraités, des résidents. Ou, plus sociologiquement: un mélange générationnel, culturel, politique qui produit hybridité sociologique et souplesse idéologique. Un mélange d’anciens opposants de la mondialisation libérale et de militants écolos…

Et, pour ne rien gâcher, ils ne se prennent pas trop au sérieux: « le camp n’est pas une réponse, c’est même une putain de grosse question » constate un des participants.

Aux Etats-Unis aussi

Deux autres « camps » se sont également tenus, aux States, eux:

 Le camp à Washington a pris place près d’un terminal de gaz naturel liquide à l’embouchure de la Columbia River. Ce camp venait en renfort aux fortes communautés de résistance locale qui dénoncent les risques pour la santé publique, l’impact économique et environnemental négatif qu’aurait le développement de cette industrie.

contre le nucléaire
contre le nucléaire

 Le camp au Sud-Est d’Ashville en Caroline du Nord veut construire une résistance aux projets de construction de mines et d’industrie nucléaire qui détruiraient les communautés locales ainsi que les montagnes des Appalaches.


Exciting, isn’t it? Seule déception: n’avoir pu y être… Mais ce n’est que partie remise!