ECHOS (pas toujours) LOGIQUES : (Sex-)toys, Trump et pots hygiéniques

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Devrons-nous demain reprendre en mains les pratiques ludiques de nos bambins ? Serons-nous contraints de renouveler leurs coffres à jouets pour y substituer un godemiché au traditionnel hochet, un plug anal à la classique toupie et une poupée gonflable à l’immuable dauphin pneumatique (ma méconnaissance du secteur m’empêche malheureusement de livrer un inventaire plus exhaustif) ?

Je sais, le propos peut choquer les plus prudes et surprendre les autres. Soyez pourtant convaincus que j’écris sain de corps et d’esprit, sans influence d’une quelconque substance ou de fantasmes inavoués. Et si elle est certes caricaturale, la situation que j’évoque n’en est pas moins fondée. Que les gardiens de l’innocence juvénile et les aficionados de la Manif pour tous s’abstiennent toutefois de monter aux barricades : il ne s’agit pas ici d’une potentielle réforme éducative qui prétendrait révolutionner l’apprentissage de la sexualité au risque de pervertir des esprits purs. La menace ne vient pas du cerveau d’experts déviants, elle s’enracine dans les pratiques coupables des usines mondialisées.

Tout part de ces chiffres : 15% des 122 jouets analysés dans le cadre d’une étude réalisée par l’Autorité suédoise d’inspection des produits chimiques se sont révélés contenir des composés officiellement interdits (paraffine chlorée, phtaltates…) contre seulement 2% des 44 « accessoires sexuels » soumis aux mêmes examens.[[Source : « Le Matin », 24/01/2017]] Pour rappel, la paraffine chlorée est reconnue nocive à l’environnement et soupçonnée d’être cancérigène tandis que les phtalates appartiennent aux perturbateurs endocriniens dont l’énoncé des effets indésirables est long comme une liste des « grandes courses chez Colruyt » : troubles du sommeil, de la circulation sanguine, de la croissance, du développement, du comportement et de l’humeur, mais aussi de la production, l’utilisation et le stockage de l’énergie ou encore de la fonction sexuelle et reproductrice… Bref, il apparaît nettement préférable en termes de santé de manipuler un sex-toy plutôt qu’un kid-toy. Un constat qui fait d’autant plus flipper que les enfants constituent une population particulièrement vulnérable aux saloperies incriminées.
Bien que le porte-parole de l’agence en charge de l’étude ait tenu à préciser que les objets analysés « ne reflètent pas la réalité de l’ensemble du marché d’un groupe de produits donné », vous conviendrez qu’on peut légitimement s’interroger sur ce qu’il est préférable de mettre dans les mimines de nos petiot(e)s.

Selon Frida Ramström, une des inspectrices ayant travaillé sur le dossier, ces chiffres s’expliqueraient par le fait que les distributeurs de sex-toys « choisissent des fournisseurs soucieux des normes européennes et savent poser leurs exigences ». A contrario, le marché du jouet serait plus éclaté avec une multitude de producteurs et d’importateurs de petite envergure, incapables de peser sur leurs sous-traitants asiatiques pour leur imposer le respect des normes européennes…
« Autant savoir », comme on disait jadis à la RTB.

Mise en abyme horticole

Depuis des décennies, des chercheurs œuvrent à la mise au point de tomates hybrides, croisant les variétés pour obtenir un fruit plus résistant aux maladies mais aussi aux chocs, le règne du « tout en toute saison » entraînant une multiplication des transports et de la manutention.
L’acmé de cette quête de la perfection formelle fut atteint au carrefour des années 80 et 90 avec l’avènement de la Daniela, une tomate dite « long life » susceptible de rester trois semaines sur les étals sans perdre ni sa rondeur, ni sa rougeur, ni sa fermeté. Seul inconvénient pour qui s’arrête à ce genre de détail : la chose n’avait – et n’a toujours pas – la moindre saveur…

Qu’à cela ne tienne : la science est grande et toujours soucieuse de trouver des solutions, y compris aux problèmes qu’elle a elle-même créés.

Une équipe de scientifiques vient ainsi de publier dans la revue « Science » les résultats d’une recherche menée sur le génome de 400 variétés de tomates et, Eureka – Halleluja – Houba Houba ! : ils ont réussi à identifier les processus en jeu dans les gènes responsables du goût de la solanacée ! Et ils sont convaincus de pouvoirs bidouiller tout ça afin de « rendre les tomates de supermarché bien meilleures ». C’est y pas beau, ça ?

Evidemment, si vous refusez de vivre avec votre temps, vous pouvez toujours cultiver les Poires jaunes, Noires de Crimée, Roses de Berne, Saint-Pierre et autres Cœurs de Bœuf dans votre jardin ou sur votre balcon…

Quand le nucléaire génère l’insécurité énergétique

Et pan : une bonne claque sur la suffisance des laudateurs du nucléaire répétant à l’envi que l’atome garantit la sécurité d’approvisionnement électrique ! Selon RTE, organisme public filiale d’EDF en charge du transport de l’électricité, « la France est le pays le plus thermosensible d’Europe ». En clair, lors des périodes de grand froid, la demande d’électricité croît six fois plus vite dans l’Hexagone que dans les autre pays de l’Union. Et c’est qui, le responsable de cette situation bien peu enviable ? Le nucléaire ! Ou, plus précisément, un parc de centrales surdimensionné.

Selon un expert de la Commission de régulation de l’énergie cité par « Le Canard enchaîné »[[N° 5021 du mercredi 18/01/2017]], « le plan d’équipement en réacteurs de Giscard d’Estaing a vu grand. Et même un peu trop : on ne savait plus quoi faire de l’électricité produite »[[La production nucléaire est passée de 15 TWh en 1973 à 314 en 1990 et 429 en 2010. (Source : www.statistiques.développement-durable.fr)]]. La situation s’avérait d’autant plus complexe que la production nucléaire[[77% de la production totale d’électricité en 2012 (Source : Ibidem)]] n’est pas modulable, que les différents réseaux nationaux n’étaient pas à cette époque interconnectés et que le processus d’arrêt / remise en marche d’un réacteur constitue un processus beaucoup trop lourd pour pouvoir être envisagé comme outil de régulation. Il convenait donc de créer une demande permettant d’absorber une offre surabondante. Ce qui fut fait avec vigueur et efficacité. Dès le milieu des années 70, les Français furent incités à se chauffer à l’électricité. Si bien qu’aujourd’hui encore, plus d’un tiers des logements hexagonaux – soit quatre fois plus que la moyenne européenne – dispose exclusivement d’un chauffage électrique.

Soutenue non seulement par EDF et l’Etat français mais également par les entrepreneurs du bâtiment ravis de pouvoir proposer des installations jusqu’à cinq fois moins onéreuses que celles fonctionnent au gaz ou au fioul, cette stratégie souffrait toutefois d’une faiblesse majeure que ses promoteurs semblent avoir négligée et qui a pris au fil du temps une importance sans cesse croissante : toute baisse sensible de température engendre à la fois une explosion de la demande – que la production nationale ne parvient plus toujours à couvrir – et une sollicitation extrême du réseau, de plus en plus souvent proche de la saturation.

Et voilà comment un pays qui se rêvait électriquement indépendant et sûr grâce au nucléaire se retrouve aujourd’hui dans une situation de précarité récurrente. A méditer.

La finance ne se Trump jamais

Voilà une info qui devrait donner à réfléchir à celles et ceux qui veulent encore croire en la bonne volonté des « investisseurs », imaginant « no possession », « all the people living life in peace » et « sharing all the world » : depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, le 8 novembre 2016, l’indice Dow Jones de la Bourse de New-York a progressé de 15% et établi un nouveau record historique. Les « experts » qui nous prédisaient unanimement le pire en cas de victoire du méchant vilain en sont quitte pour ruminer les 50 nuances de gris séparant la logique et le bon sens affirmés de leurs analyses de la cupidité inextinguible des marchés.

Car le plus extravagant dans cette affaire, c’est bien l’abîme entre le discours ambiant qui voue le Poil de Carotte javellisé aux pires gémonies en convoquant l’éthique, l’humanisme et la morale avec un petit ou un grand M, les droits des femmes, des Native Americans, des Mexicains, des Musulmans, des Noirs, des Jaunes, des homosexuels, bisexuels, transsexuels et X, la préservation de l’environnement, la défense du climat, leurs convictions et celles des autres, bref, entre une parole condamnant tout ce que l’Homme représente et prétend mettre en œuvre et des actions en bourse constituant de facto un soutien à sa politique.
Oh, bien sûr, il ne faut pas tout confondre, mélanger les principes moraux et les réalités économiques. Soit. Je me bornerai à constater que ce sont bel et bien ces dernières qui continuent plus que jamais à guider la marche du monde. « Mobilisation citoyenne », « vigilance démocratique » et « dégoût unanime » ou pas.

« You may say I’m a dreamer, but I’m not the only on. I hope some day you’ll join us and the world will live as one. » Espérons, donc. Monsieur de Gaulle aka Le Grand Charles n’affirmait-il pas que « la fin de l’espoir est le commencement de la mort » ?

Urinez utile !

Pour conclure, je souhaite apporter une modeste mais enthousiaste contribution au scénario d’un éventuel « Après-demain », suite logique de « Demain ». L’initiative de l’agence nantaise de design Falatzi me semble en effet avoir pleinement sa place dans ce potentiel futur opus.

Faltazi, ce sont de « joyeux pragmatiques » dont « l’engagement écologique et citoyen, l’aspiration réelle au développement d’un monde soutenable, combinés à leur expérience de la pratique industrielle, font tout l’intérêt et la singularité de leur démarche. Sans s’extraire du champ de la production, ils imaginent des scénarios alternatifs, collectifs, qui questionnent et modifient structurellement les paradigmes depuis longtemps installés du design comme partenaire privilégié de la toute puissance industrielle et économique. »[[www.faltazi.com]] Un esprit pragmatique et innovant qui a présidé au développement de leurs « Uritrottoirs », une création artistico-utilitariste à vocation écologique qui orne aujourd’hui déjà certaines rues de Paris et de Nantes et ne devrait pas tarder à conquérir le monde.

Les Uritrottoirs, ce sont les vespasiennes du 21ème siècle, totalement en phase avec les enjeux de l’époque.
Concrètement et schématiquement, ils se composent de deux éléments : un premier bac tapissé de matière sèche sur lequel repose une jardinière fleurie. L’individu mâle est invité à se soulager dans un espace laissé à cet effet entre les parties inférieure et supérieure de l’édicule. L’urine se mélange alors au lit de matière sèche, laquelle sera régulièrement évacuée pour être compostée sur un espace dédié. Le mélange du carbone présent dans la paille avec l’azote de l’urine produira alors du fumier ô combien précieux pour fertiliser la jardinière et d’autres espaces verts de la cité. Précisions que l’objet est disponible en version XXL pouvant recueillir jusqu’à 600 pipis ou en version 300 pipis ; il existe également en format triangulaire adapté aux recoins.

L’importance de cette création peut apparaître secondaire mais prenons garde de ne pas sous-estimer ses mérites : elle est de ces petits ruisseaux qui font les grandes rivières. D’une part, elle contribue à endiguer la dégradation de l’espace urbain consécutive aux vidanges sauvages ; d’autre part, elle apporte une solution efficace aux nuisances olfactives générées par les susdites vidanges ; enfin, elle participe à l’embellissement de l’espace publique à la fois par son propre décor floral et par l’amendement naturel qu’elle produit pour d’autres usages. Elle participe donc à plus d’un titre au ré-enchantement de la ville. Seul regret : il n’existe pas encore de version adaptée aux besoins de la gent féminine et permettant à celle-ci de s’inscrire pleinement dans cette dynamique exaltante. Gageons que cela ne saurait tarder.

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