L’Europe place la barre haut mais la Belgique joue petit bras

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La Commission européenne a présenté ce mercredi les contours précis de son Energy Package qui constitue à la fois une arme majeure dans la lutte contre les changements climatiques et le cadre permettant de mener une indispensable révolution énergétique.
Inter-Environnement Wallonie, fédération des associations environnementales, se félicite des objectifs relativement ambitieux portés par la Commission, même si certaines largesses prévues pour leur mise en ½uvre en affaibliront l’impact. IEW déplore par contre la position de la Belgique qui rechigne face à ses quotas pourtant peu contraignants.

Bien que le projet initial ait été affaibli sous la pression des lobbies industriels et de certains pays, les objectifs dévoilés par la Commission n’en sont pas moins relativement ambitieux et engagent clairement l’Union européenne sur la bonne voie. D’ici 2020, les Etats membres devront en effet réduire leurs émissions de 20 ou 30% et porter la part des sources d’énergie renouvelables à 20% de leurs consommations. En plaçant la barre haut, la Commission envoie un signal fort à ses membres mais aussi à la communauté internationale ; elle reprend un rôle d’exemple et de leader sur cette problématique. On peut donc se féliciter du package présenté ce jour, même si certains de ses éléments (notamment l’objectif contraignant pour les agrocarburants ou encore les nombreux mécanismes de flexibilité) nécessiteront d’être réexaminés.

On doit par contre déplorer la frilosité de la Belgique face à ses objectifs. L’effort demandé à notre pays n’est pourtant pas trop contraignant : 13% de sources d‘énergies renouvelables et 15% de réduction d’émissions. Soit des niveaux inférieurs à la moyenne européenne. Qu’à cela ne tienne : alors qu’il avait soutenu en personne ces objectifs il y a moins d’un an, M. Verhofstadt considère aujourd’hui la proposition de la Commission comme une contrainte insupportable et fait pression pour que le quota belge de renouvelables soit revu à la baisse. Cette attitude apparaît bien peu glorieuse au regard d’autres pays – l’Allemagne, par exemple – qui s’engagent, eux, à réaliser des efforts supérieurs à ceux qui leur sont demandés. C’est d’autant plus regrettable qu’en freinant de la sorte le développement des sources d’énergie renouvelables, le Premier ministre pénalise de facto notre pays qui sera plus dépendant du pétrole que ses voisins lorsque le cours du baril atteindra des niveaux en comparaison desquels ceux d’aujourd’hui apparaîtront ridiculement bas (de nombreux analystes évoquent un baril atteignant à moyen terme les 300 $).

Inter-Environnement Wallonie se permet donc d’inviter le Premier ministre à ne plus jouer petit bras et à engager pleinement le pays dans la seule voie garante de l’avenir. Si l’objectif des 13% de renouvelables d’ici 2020 lui fait peur, IEW espère le rassurer en lui rappelant sa déclaration faite en des temps pourtant pas si lointains où la sinistrose ne l’avait pas encore frappé : « Je suis convaincu que la Belgique réussira d’ici 2010 à atteindre une part de 12% d’énergie renouvelable sur l’ensemble de ses approvisionnements énergétiques. »[[« L’Echo » du 24 mars 2006. Déclaration du Premier ministre à l’occasion de l’ouverture à Bruxelles de la Maison de l’énergie]] On n’ose imaginer qu’il s’agissait de paroles de circonstance balancées à l’emporte-pièce. Dès lors, nous espérons que le Premier ministre retrouvera très vite toute son ambition. Pour le bien du pays et l’avenir de la Planète.

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