Le Parlement européen entérine la révision des objectifs CO2 pour les voitures

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Le Parlement européen a confirmé, ce mardi 25 février, l’accord conclu en novembre dernier avec le Conseil et la Commission européenne pour la révision du règlement européen relatif aux émissions de CO2 des voitures neuves. Inter-Environnement se réjouit du vote en faveur de cet accord qui fixe un objectif à moyen terme de réduction des émissions de CO2 et ses modalités d’application. La Fédération regrette toutefois que l’accord entériné ce jour postpose en 2021 l’objectif de 95 gCO2/km initialement fixé en 2020 dans un premier accord conclu en juin 2013.

L’affaiblissement a été obtenu de haute lutte par l’Allemagne, soucieuse de préserver les intérêts économiques de ses deux constructeurs de voitures « de luxe », BMW et Daimler. Dans les faits, seuls 95% des ventes entreront en ligne de compte pour vérifier le respect de la moyenne de 95 gCO2/km en 2020, ce qui correspond à un affaiblissement de l’objectif d’environ 3 g/km. Les 95 g/km seront calculés sur 100% des ventes en 2021. De plus, les constructeurs pourront faire appel à un dispositif dit de « bonifications » (supercredits en anglais) qui leur permet d’accorder plus de poids aux véhicules électriques (considérés comme « zéro CO2 ») qu’aux véhicules thermiques[[Les constructeurs seront autorisés à utiliser les bonifications à hauteur de 7,5 g/km sur la période 2020-2021-2022]].

Malgré cet affaiblissement, l’accord peut être considéré comme positif pour l’environnement, l’économie européenne et les conducteurs. Il permettra en effet d’abaisser de 27% la consommation de carburant et les émissions de CO2 en six ans.

Le règlement révisé permettra d’éviter 422 millions de tonnes d’émissions de CO2[Etude d’impact de la Commission européenne, bénéfices cumulés à l’horizon 2030]]. La facture de carburant moyenne baissera d’environ 300 euros par an[[Différence entre des émissions de 130 et 95 g/km, sur base de 15.000 km roulés par an et d’un prix moyen du carburant de 1,5 €/litre]]. Cependant, l’amélioration de l’efficacité énergétique pourrait être moindre que les projections officielles – à moins que ne soit introduit un nouveau système de test des véhicules. Le système actuel présente en effet deux faiblesses : d’une part, il n’est pas représentatif des conditions réelles de conduite et d’autre part, certaines dispositions offrent aux constructeurs des échappatoires que certains utilisent largement afin de baisser artificiellement les émissions mesurées. Au total, les émissions sur route sont en moyenne 23% plus élevées que celles officiellement annoncées[[Voir [http://www.iew.be/spip.php?article5654 et http://www.transportenvironment.org/publications/manipulation-fuel-economy-test-results-carmakers-new-evidence-and-solutions]].

La révision votée ce jour doit être envisagée comme une étape dans un processus d’amélioration à long terme des performances énergétiques et environnementales des automobiles européennes Le règlement révisé souligne la nécessité d’introduire sans tarder un objectif à l’horizon 2025 et de nouveaux tests. Il incombe à la Commission européenne de s’assurer que l’opposition farouche que les constructeurs ne manqueront pas de manifester ne retarde pas l’introduction de ces deux dispositions.