Parc nucléaire vieillissant et industrie atomique en perte de vitesse

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Une étude publiée cette semaine confirme que le déclin de l’atome apparaît inexorable dans les années à venir. Les nouveaux projets de réacteurs ne permettent pas de compenser les fermetures prévues.

Les conclusions du rapport, réalisé à la demande du groupe des verts au Parlement européen, contrastent avec les déclarations fréquentes de l’industrie nucléaire faisant régulièrement état d’un regain d’intérêt pour l’atome.

Au 1er novembre 2007, 439 réacteurs nucléaires étaient en exploitation de par le monde, soit cinq unités de moins qu’en l’an 2000. Par ailleurs, 32 réacteurs sont en cours de construction selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), contre une cinquantaine à la fin des années 1990. 21 des 31 pays exploitant des centrales nucléaires ont connu une baisse de la part du nucléaire dans la production d’électricité en comparaison avec l’année 2003. Dans l’Europe des 27, le nombre de réacteurs en exploitation est quant à lui passé de 177 à 146 depuis la catastrophe de Tchernobyl, selon le rapport.

L’énergie nucléaire produit donc aujourd’hui 16% de l’électricité mondiale (pour une puissance totale de 371 000 MW), soit à peine plus de 2% des consommations finales d’énergie de la planète. Un constat amer pour industrie qui évaluait dans les années 1970 que la capacité nucléaire mondiale s’élèverait à 4 450 000MW à l’aube de ce siècle.

L’âge moyen lors de leur fermeture des 117 réacteurs nucléaires aujourd’hui mis à l’arrêt s’élève à 22 ans. Pour rappel, la durée prévue d’exploitation des sept réacteurs belges a été portée de trente à quarante ans, et certains envisagent aujourd’hui de prolonger à nouveau leur exploitation. Une décision qui ne pourrait donc être sans risque au vu de l’expérience très limitée dans l’exploitation de réacteurs nucléaires durant une période aussi longue.

L’étude s’est tout de même basée sur l’hypothèse « ambitieuse » d’une durée de vie des réacteurs de quatre décennies pour estimer l’évolution du parc nucléaire mondial durant la prochaine décennie. Outre les réacteurs actuellement en phase d’assemblage, 69 unités devraient être annoncées, construites et connectées aux réseaux d’ici 2015 (soit une toutes les six semaines) et 192 de plus durant la décennie suivante uniquement pour compenser les fermetures. Un scénario très peu probable si l’on considère que dix ans sont nécessaires pour la mise en ½uvre d’un tel projet et que des budgets considérables devraient être dégagés à cet effet. Et les récentes expériences ne rassureront pas les investisseurs : le réacteur finlandais actuellement en chantier (le premier en Europe depuis près de vingt ans) accumule les retards et coûts imprévus (1,5 milliards d’euros de frais supplémentaires, soit une augmentation de 50% par rapport au montant initialement annoncé).

Peu étonnant, face à un tel constat, que le lobby nucléaire tente par tous les moyens de redorer son image en présentant l’atome comme le remède face à nos maux énergétiques actuels (changements climatiques, dépendance au pétrole dont les réserves s’amenuisent et les prix flambent, etc.). Et nous fasse miroiter des technologies miracles (quatrième génération, fusion nucléaire, etc.) qui ne verraient pas le jour avant plusieurs décennies, voire la fin du siècle. Il y va de sa survie…

Canopea