Vers une politique de mobilité durable?

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Plus 40% entre 1990 et 2004. De quoi s’agit-il ? De l’évolution des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports en Région wallonne. Les chiffres relatifs aux dernières années, s’ils ne sont pas encore disponibles, sont du même tonneau. Ce simple fait illustre à lui seul le caractère non durable du système de mobilité actuel, dont les incidences se manifestent aussi, notamment, en termes de santé humaine (polluants locaux, bruit, stress, accidents, manque d’exercice physique, …).

La législature qui vient devra être celle de la mise en place d’une véritable politique de mobilité durable dans notre Région. La tâche sera ardue : le gouvernement à venir devra tout à la fois assurer la croissance des modes de déplacement les plus de l’environnement (déjà amorcée en ce qui concerne les transports en commun) – et surtout la décroissance des modes de transports polluants (routier et aérien, largement favorisés durant des décennies). Les signataires de ce texte s’engagent à participer à leur niveau, comme ils le font au quotidien depuis des années, à l’effort commun. Il leur tient à c½ur de formuler à l’adresse du prochain exécutif wallon un certain nombre de « recommandations », fruits d’années d’expériences au service d’une mobilité soutenable, compatible avec les enjeux environnementaux, sociaux et économiques de demain.

Un pré-requis

Pour mener une politique ambitieuse, il faut, dès le départ, s’en donner les moyens. C’est ainsi qu’il convient d’établir une compétence ministérielle de la Mobilité – et non des Transports – donnant au Ministre concerné les moyens de mener des actions effectives et complémentaires en matière de mobilité durable (développement des transports en commun, aménagements de voiries, développement d’un réseau adapté aux usagers doux, sensibilisation aux incidences environnementales, …). Ceci appelle un regroupement optimal entre compétences en matière de Mobilité, d’Equipement et d’Aménagement du territoire, et d’excellentes conditions de collaboration avec les compétences du Budget, des Pouvoirs locaux et de l’Environnement.

Une stratégie régionale

Inscrire une action politique dans la durée nécessite de déterminer préalablement une stratégie. Celle-ci prendrait utilement la forme d’un plan régional de mobilité durable qui, à l’instar de la proposition de plan fédéral « Kyoto-Transport » du Service public fédéral Mobilité et transports (SPF MT), proposerait un portefeuille d’actions complémentaires dans les différents champs de compétence régionaux.
Un des chapitres de ce plan est déjà écrit. Il s’agit du plan VéloPlus, rédigé en 2003 sous l’autorité du Ministère de l’équipement et des transports (MET). Ce plan établit le planning et le budget nécessaires à la mise en place d’une politique cyclable digne de ce nom en Région wallonne. Il dort dans les tiroirs depuis 2003 et ne demande qu’à être actualisé et, surtout, appliqué.
La réflexion stratégique, bien sûr, devrait être menée sur tous les fronts. Une approche régionale intégrée de la mobilité urbaine (intégrant notamment les problèmes environnementaux liés à l’exode urbain) qui puisse être déclinée en fonction des spécificités des grandes villes wallonnes. Une redéfinition de la politique tarifaire des TEC pour mettre en place une tarification solidaire (fonction de la situation financière réelle des individus), dans le but d’améliorer l’équité en matière de mobilité. Une politique régionale de redéveloppement du transport ferroviaire, tant pour les personnes que pour les marchandises. L’arrêt des investissements dans l’accroissement des capacités des infrastructures aériennes et du réseau (auto)routier, en ce compris les « chaînons manquants » qui mobilisent d’importants budgets faisant cruellement défaut par ailleurs (modes doux notamment)…

Des actions concrètes

Certaines actions devant s’inscrire dans une politique de mobilité durable sont connues et réclamées de longue date par le milieu associatif. Nous n’en citerons que quelques unes pour mémoire.
Mettre en place des lignes de bus rapides entre les agglomérations de taille moyenne non raccordées au réseau ferré. Concrétiser le redéploiement ferroviaire via la réouverture de gares et de lignes.
Abandonner une série de projets concourant à la promotion des deux modes de transport les plus polluants : liaison autoroutière CHB, développement de l’aérogare de Gosselies et investissement dans le projet non durable de gare souterraine, …
Modifier les taxes de mise en circulation (TMC) et de circulation (TC) en basant leur calcul sur des critères environnementaux et en adoptant une loi d’évolution de type linéaire entre un minimum (véhicule émettant peu de CO2) et un maximum (véhicule gros émetteur) afin d’envoyer au citoyen un signal-prix clair.
Augmenter progressivement la part « modes doux » dans les budgets d’infrastructures en veillant à favoriser, pour les petites voiries, les revêtements « naturels » plutôt que les « imperméables ». Réaliser des itinéraires piétons structurants qui garantiraient l’accessibilité, dans de bonnes conditions de signalétique et de confort, aux personnes à mobilité réduite (P.M.R). Réactualiser la Loi de 1841 relative aux chemins et sentiers vicinaux et y prévoir la mise à jour des atlas qui en dépendent, sur base des propositions des associations actives dans ce domaine et dans une philosophie de préservation et de redéploiement du maillage des chemins et sentiers publics. Réaliser une cartographie intégrée des itinéraires adaptés aux modes doux au niveau de la Région : cyclistes, piétons, cavaliers, … Outil utile et nécessaire au redéploiement d’un véritable réseau adapté, voire réservé, aux usagers non motorisés.….

Les élues et élus issus du scrutin de ce 07 juin ont pour devoir de tourner le dos à 50 années de développement d’un système de mobilité mortifère (plus de 70.000 décès en un demi-siècle …), destructeur de la vie sociale (voyez nos centres-villes) et de l’environnement. S’y attelleront-ils ? Nous ne pouvons que les y encourager…

Signataires :
Les Amis de la Terre, Collectif Libre Parcours, Fédération Inter-Environnement Wallonie, Fédération Francophone d’Equitation et d’Attelage de loisir, GRACQ – Les cyclistes quotidiens, Greenpeace, Groupement CHB, Plain-Pied, Sentiers.be, Trop de Bruit en Brabant wallon, urbAgora

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