Action politique et mobilité: besoin d’une nouvelle vision…

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Le système de transport actuel n’est pas soutenable. Cette vérité est presqu’universellement reconnue depuis des années. Partant de ce constat, comment les différents partis envisagent-ils de réaliser la transition vers un modèle soutenable ? C’est ce que nous allons voir, sur base des réponses aux « mesures concrètes » proposées dans le pacte écologique belge. Les commentaires impertinents ci-dessous ont été rédigés en prenant en compte les enjeux globaux et les axes d’actions à privilégier :

1.diminuer la demande de transport ;

2.opérer un transfert modal du routier (voitures et utilitaires) et de l’aérien vers les autres modes (bus, train, fluvial, vélo, …) ;

3.améliorer l’efficacité énergétique des véhicules ;

4.mettre en ½uvre d’autres mesures technologiques.

Les réponses du cdH

Les mesures proposées par le cdH ne répondent que partiellement aux enjeux. La volonté de développer les activités de transport et de logistique (aspect économique) prime sur la volonté de diminuer la demande. Ainsi, le cdH envisage-t-il de continuer à construire de nouvelles infrastructures routières et veut-il, en matière fiscale, assurer la « neutralité » (ce qui revient à ne pas cautionner notre analyse selon laquelle le faible coût du transport explique en grande partie sa sur-consommation). Aussi, les mesures prônées par le cdH sont-elles principalement axées sur le transfert modal. En matière d’actions agissant sur la demande, relevons les propositions de décrets du cdH pour rendre les taxes de mise en circulation et de circulation proportionnelles aux émissions de CO2 des véhicules.
Au rayon infrastructures ferroviaires, les nombreuses actions proposées par le cdH incluent notamment la desserte ferroviaire des aéroports de Zaventem et de Gosselies. A nos yeux, la priorité en matière d’investissements ferrovaires va aux déplacements quotidiens de personnes et au transport de marchandises, pas à l’amélioration de l’accessibilité (et donc de l’attractivité) des aéroports.

Les réponses d’Ecolo

Les réponses apportées par Ecolo sont clairement révélatrices d’un désir de répondre aux enjeux tels qu’ils sont décrits dans le pacte écologique. Si Ecolo, dans ses mesures additionnelles, fait la part belle au transfert modal, il soutient également les mesures visant à réduire la demande. A titre illustratif, Ecolo soutient l’idée d’un moratoire sur les nouvelles infrastructures routières.
Ecolo est le seul parti à apporter une réponse (partiellement) positive à la mesure visant à interdire la publicité pour les voitures et les vols low costs.
Comme les autres partis, pour la question de la taxation du kérosène, Ecolo semble ignorer la possibilité d’instaurer une telle taxation au niveau d’un Etat (et entre deux Etats) et renvoie au niveau européen.

Les réponses du PS

Les mesures proposées par le PS ne répondent que partiellement aux enjeux. L’attention portée au secteur du transport (aspect économique) rend difficile toute action de contrôle de la demande en matière de transport de marchandises. Par ailleurs, en matière de transport de personnes, le « principe cardinal » défendu par le PS (l’existence d’alternatives au comportement que l’on entend modifier par la fiscalité – cette volonté semblant exclure l’alternative « zéro ») est difficilement conciliable avec une réduction de la demande (moins de transport). Aussi, les mesures prônées par le PS sont-elles principalement axées sur le transfert modal.
Après un développement qui répond favorablement à notre proposition de mettre un terme à la construction de nouvelles infrastructures routières, le PS termine en notant que « il est important d’achever les chantiers entrepris ». Si, comme le contexte politique et l’actualité le laissent penser, ceci vise la liaison CHB et le contournement de Couvin (dont les chantiers ne sont pas encore démarrés), c’est une négation du développement qui précède.
Le PS justifie son refus d’augmenter les accises sur le diesel par un souci de justice sociale qui nous semble hors de propos ici: la combustion d’un litre de diesel émet plus de polluants (particules et CO2) que la combustion d’un litre d’essence. Est-il socialement injuste de ramener les accises sur le diesel au niveau de celles sur l’essence? La vraie justification pourrait résider dans le souci de ne pas irriter les transporteurs routiers.

Programme du MR

Le programme du MR contient de nombreuses propositions en matière de mobilité. Les différentes mesures proposées portent sur le transfert modal et les développements technologiques. Le MR n’aborde pas la réduction de la demande. L’intitulé complet du chapitre E.2 de son programme est, de ce point de vue, révélateur: « diminuer les nuisances sans nuire à l’activité ». Les aspects économiques du secteur sont d’ailleurs soulignés dans ce chapitre, alors que seul l’aspect « bruit »est vraiment développé (au contraire des autres aspects environnementaux).
Le programme du MR en matière de mobilité se cantonne donc à une politique de « petits ajustements », refusant de questionner le système actuel. On ne peut identifier une « vision » qui répondrait aux enjeux tels que décrits dans le pacte écologique.
Enfin, on soulignera l’absence totale de mesures « mobilité » dans le chapitre E.5.7 intitulé « aménagement du territoire: prévoir pour inscrire dans la durée ». Seul le chapitre E.5.3 (inscrire les villes dans le développement durable) comporte un point relatif aux liens entre aménagement du territoire et mobilité (« lutter contre l’étalement urbain »), encore que le lien ne soit pas explicité.