Artificialisation : le bilan de l’année 2020

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Le dossier « Stop Béton » d’IEW paraissait fin 2019, quel bilan tirer après un an ? Le groupe d’experts « Artificialisation », désigné par le gouvernement et chargé de lui faire rapport dans l’année, a accompli sa mission, respectant ainsi le calendrier de travail prévu par le ministre Willy Borsus. IEW a, par ailleurs, repris du service dans la Task Force CoDT et rencontré virtuellement de nombreux citoyens pour recueillir leurs propositions pour contrer l’éparpillement de l’urbanisation.

En février 2020, le ministre Borsus lançait les travaux du groupe d’experts « Artificialisation », composé d’un groupe « Données », d’un groupe « Noyau » et d’un comité d’accompagnement élargi. Une nIEWs parue dans la foulée vous donne la composition et les missions de ce groupe de travail. Son objectif assigné était de définir une trajectoire à adopter pour atteindre le 0 km² d’artificialisation à l’échéance 2050. Malgré la pandémie, le groupe s’est réuni régulièrement, notamment de manière virtuelle. Il a rendu son rapport définitif en octobre dernier. Le gouvernement examinera le rapport du groupe d’experts début 2021.

Les travaux du groupe d’experts portaient essentiellement sur l’analyse des outils de développement territorial : sont-ils en capacité de contribuer à freiner l’étalement urbain ? En parallèle, IEW a publié deux numéros d’Échelle Humaine qui examinent le Plan de secteur en se posant la même question. Nos conclusions sont sans appel, démonstration à l’appui : non, le Plan de secteur n’est pas un frein à l’artificialisation des sols. Non, le Plan de secteur n’est pas le protecteur de l’agriculture, ni de la ruralité, ni de la biodiversité.

Si le plan de secteur ne joue pas le rôle de garde-fou contre l’urbanisation, quel outil du CoDT peut bien en être capable ? Nous attendrons la prise d’acte du gouvernement wallon pour connaître le détail de l’analyse, et surtout les conséquence que cela aura en termes de développement territorial. Mais le temps presse. La dégradation des espaces publics et de l’habitat, les sols de plus en plus bétonnés, cela se passe tant en milieu urbain qu’à la campagne. Il est grand temps d’inverser la tendance. Ce mode de vie a été encouragé, notamment par la fiscalité. Il faut regarder la situation en face pour mettre en place d’autres réponses aux envies de « vues vertes », de tranquillité et de nature. Il est temps de MÉNAGER notre territoire.

Réviser le CoDT ?

Rouvrira-t-on le CoDT pour y opérer des changements substantiels ? On n’y est pas encore. La Task Force CoDT, mise en place par le ministre Di Antonio pour repérer les dysfonctionnements du nouveau code et proposer des modifications à la marge, avait notamment permis à IEW de rétablir la possibilité pour les membres effectifs et suppléants de CCATM de participer ensemble aux séances de commission. La Task Force CoDT a clôturé ses travaux en 2019. Elle a inopinément rempilé en 2020, encadrée par le cabinet du ministre Borsus, pour une série-marathon de réunions intenses et techniques. Dans le courant de 2021, un marché public désignera le cabinet d’avocats qui devra modifier le CoDT en fonction des propositions qui, je le rappelle, sont des modifications marginales. Elles n’affecteront pas le prescrit comme pourrait le faire une révision du code.

Entendre le ressenti des citoyens

Durant l’automne, IEW a organisé avec la collaboration de plusieurs associations membres cinq « Rencontres du Stop Béton » : Namur, Mouscron, Liège, Arlon et La Hulpe. Centrées sur le ressenti et l’expression, ces rencontres se voulaient dynamiques et ouvertes à des opinions contradictoires. Autant dire que l’obligation de passer au virtuel faisait peser comme un doute sur la possibilité d’atteindre ces objectifs. C’est donc avec une immense fierté que je peux vous affirmer : opération réussie !

Cécile de Schoutheete a conçu une animation propre à créer un climat d’intimité. Les participants (plus d’une centaine d’inscrits) ont joué le jeu de l’intelligence collective.

Cela valait la peine de s’interroger sur les conséquences de l’urbanisation et de demander aux citoyens de parler de situations dont ils sont les témoins. Ca ne larmoie pas, ce n’est pas du bon vieux NIMBY de derrière les fagots. Nous avons chaque fois pu constater une réflexion profonde sur les motivations à artificialiser. Contrairement à certaines rumeurs, les citoyens sont sensibilisés, c’est eux qui aimeraient sensibiliser les mandataires.

Il en ressort une foule d’informations utiles pour nourrir le plaidoyer d’IEW en faveur d’une meilleure utilisation de la ressource sol et d’un plus grand respect de l’environnement. Nous nous réjouissons de pouvoir rencontrer le gouvernement, en particulier le ministre Borsus, pour lui présenter ce travail collectif. D’autres rencontres citoyennes devraient avoir lieu en 2021. Le calendrier n’est pas encore connu.

Le petit mot de la fin…

… revient à l’auteur d’un mail reçu en janvier 2020.

« Je découvre à l’instant l’article dans le journal « l’Avenir », concernant votre dossier « Stop Béton ».

Difficile de tout exprimer par mail mais il y a urgence et je bondis sur l’occasion pour vous solliciter car, dans ma commune on fait n’importe quoi, des travaux sont prévus au printemps et je pense qu’il est temps de limiter les dégâts…

Exemple de catastrophe : un chemin privé fut bitumé sans demander au propriétaire, le seul riverain n’a pas non plus été prévenu et ce chemin qui longe un ruisseau et borde des champs est devenu une route bitumée interdite à la circulation… cherchez l’erreur et pour cela la région donne des subsides… Derrière tout cela, il y a une baronnie locale, un conseillé communal qui veut que le camion poubelles d’un membre de sa famille passe par là (une fois tous les 15 jours pour les pvc). C’était un magnifique coin de nature, et en y mettant le prix, avec les aides, ils ont fait beaucoup de dégâts. 

J’aimerai vous rencontrer car il n’est pas trop tard pour arrêter le bétonnage, le bitumage de nos campagnes.

Il y a d’autres choses qui découlent de ces nouvelles routes, par exemple, pour faire passer un camion on étête les saules tous les ans et même s’ils survivent au traitement, oublions la photosynthèse… il ne reste que quelques petites pousses l’été. Il faut savoir que la région paye une quinzaine d’euros pour la taille d’un arbre.

Merci de bien vouloir me fixer rendez-vous ou de me guider vers un de vos collègues qui pourrait me recevoir et me guider au mieux pour limiter les dégâts.

Bien à vous et félicitations pour votre combat »

Des mails de cette espèce, je sais que le cabinet du ministre et l’administration régionale, mais aussi les administrations communales, en reçoivent des dizaines par semaines. Mon vœu pour 2021 ? Que nous n’en recevions plus, parce qu’il n’y aura plus besoin de les écrire ! Mesdames et Messieurs du gouvernement, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Et si vous ne savez pas, demandez-le nous :-).

Pour vous donner de l’inspiration, un dessin animé

« Saga-Cité », dessin animé québécois sur l’étalement urbain.

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