Augmentation du billet de train international: une aberration

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Pour les vacanciers belges, le transport le plus polluant est aussi le moins cher! Une aberration à l’heure où les conséquences du réchauffement climatique deviennent bel et bien concrètes. La taxe supplémentaire de 7 euros que la SNCB a mise en application depuis peu sur les trains internationaux ne fait qu’empirer la donne.

Une dernière escapade en amoureux sous le soleil avant l’arrivée de l’hiver ? Pourquoi pas un séjour d’une semaine dans le sud de la France ? Que dites-vous de Marseille ? Bonne idée ! Mais pas question d’y aller en voiture : 20 heures de conduite aller-retour, c’est pas des vacances ! Restent le train et l’avion.

Vous avez les possibilités suivantes au départ de Charleroi[[Pour estimer la durée et le coût des déplacements, nous avons consulté, le site de la SNCB et le site de Ryanair. Le coûts des déplacements en train et en avion peuvent varier sensiblement d’un jour à l’autre. Nous avons ici choisi les dates suivantes : départ de Charleroi le 27/08 et retour le 03/09 (il va de soi que les variations tant à la hausse qu’à la baisse sont fréquentes, ce qui, in fine, ne change que très peu le raisonnement que nous tenons ici). En ce qui concerne, l’estimation des émissions de CO2, nous somme basés sur les hypothèses de de Co2logic. ]].

En train. Vous vous laissez conduire pendant 6h30 pour arriver à Marseille et vous payez pour 2 adultes 641 EUR aller-retour. Montant auquel vous devez ajouter 7 EUR de frais de dossier si vous n’avez pas la possibilité de réserver par internet ! Coût pour votre portefeuille : quasi 650 euros ! Coût pour la planète ? Une émission 60 kg de CO2 par passager; à deux, vous arrivez à 120 kg!

En avion. Une fois embarqué, il vous reste 1h40 de vol avant d’atterrir. Le prix aller-retour pour deux adultes? 260 EUR, frais de dossier compris ! Sympa pour votre portefeuille. Par contre, pour la planète : on atteint environ les 470 kg de CO2 émis par passager, soit 940 kg pour votre couple ! Ajoutez à cela les émissions d’oxydes d’azote, de particules, d’aérosols et de vapeur d’eau (qui peut se transformer en cirrus dans certaines conditions météorologiques) et vous aurez un effet en terme de « réchauffement » deux fois plus important encore !

En forçant à peine le trait, on obtient ceci : 10 fois plus polluant mais 3 fois moins cher…

Comment est-ce possible ? Peut-être parce que la compagnie low-cost qui vous propose de rejoindre Marseille en avion bénéficie d’aides publiques qui lui permettent de faire des prix plancher. A titre indicatif, on estime que Ryanair a reçu quelques 660 millions d’euros de subsides à travers l’Europe en 2008[Pour une liste plus complète des facteurs qui permettent à une compagnie comme Ryanair de prospérer grâce à des prix anormalement bas, ne manquez pas [cet article sur notre site ]]. Tandis que notre compagnie ferroviaire national doit se serrer la ceinture pour tenter de boucler un budget en équilibre. Comment ? En ajoutant un supplément de frais de dossier sur le prix des voyages internationaux par exemple, alors même que le train est le moyen de déplacement de loin le plus durable pour les longs déplacements ! Cette majoration de 7 euros trouve aussi son origine dans la libéralisation du trafic international effectif depuis le premier janvier. Dans ce contexte de mise en concurrence du secteur ferroviaire au niveau européen, les opérateurs tels qu’Eurostar ou Thalys ont décidé de moins rétribuer la SNCB pour le service de vente de leurs billets dans les gares belges. Business is business ! Mais il est clair que ce n’est pas comme cela que les opérateurs ferroviaires prendront des parts de marché à leurs vrais concurrents (déloyaux) que sont les opérateurs aériens.

Cet événement, en apparence mineur, relate également, en filigrane, les conséquences sociales (moins de personnel de guichet dans les gares, discrimination sur base d’un accès internet et de la possession d’une carte de crédit,…), environnementales et économiques d’une libéralisation excessive mais chère (au deux sens du terme !) à notre Europe soucieuse de garantir une concurrence soi-disant parfaite.

Quand est-ce que nos politiques, au niveau belge et européen, prendront les bonnes décisions pour favoriser réellement les déplacements les moins polluants ? Rappelons que le secteur des transports est le deuxième responsable des émissions de gaz à effet de serre en Belgique, juste après l’industrie. Et que contrairement à l’industrie qui a diminué ses émissions sur la dernière décennie, le transport lui, les a augmentées de quelques 30% !

Juliette Walckiers

Anciennement: Mobilité