« Beaucoup de nuages et toujours quelques averses locales. »

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Ritournelle belge par excellence, l’abondance de pluie est un des immuables sujets de conversation ou de railleries. Un morceau d’identité. Une certitude. Parler de manque d’eau a donc quelque chose de décalé, ou de non crédible.
Pourtant…

Pourtant l’Europe a beau feuilleter et refeuilleter ses rapports dans tous les sens, la Belgique n’est pas en meilleure posture que ses voisins. Disposons-nous de ressources suffisantes pour assurer tous les besoins à long-terme ? Sommes-nous à ce point persuadés que seul le bassin méditerranéen souffrira des impacts du changement de climat ?

Les questions relative au manque d’eau en Europe pour les décennies à venir a été un thème largement discuté en 2007, tant par la DG Environnement de la Commission que par la présidence portugaise de l’Union. Au delà de la question des sécheresses, la disponibilité en eau pour les usages des secteurs industriel, domestique, agricole et énergétique se pose en termes économiques. A l’échelle européenne, leurs prélèvements respectifs s’élèvent à 15%, 17%, 24% et 44%. Le refroidissement des centrales électriques constitue l’utilisation principale de l’eau prélevée par le secteur de la production d’énergie. En Belgique ce dernier poste équivaut à 65% des volumes prélevés, ce qui nous classe, avec l’Allemagne et l’Estonie, parmi les 3 seuls pays de toute l’Union à utiliser plus de 50% des volumes prélevés comme eau de refroidissement. Bien sûr, seule une part de ces volumes prélevés sont réellement consommés. Il n’empêche qu’une série d’impacts sont associés aux quantités prélevées.

Indices d’exploitation des ressources en eau

Pour estimer l’état des pressions exercées sur les ressources en eau, à l’échelle des états membres, la Commission utilise un indice d’exploitation des ressources en eau, basé sur le rapport entre la demande totale annuelle et les ressources moyennes à long-terme d’eau douce disponible. L’indice est utilisé pour chaque état membre sur base des chiffres disponibles, et permet également une analyse par la modélisation pour des bassins hydrographiques de grande taille. La superficie de la Wallonie est bien trop réduite pour que cet exercice ait une quelconque signification locale. Ces outils ont été développés pour observer la situation à l’échelle européenne et servir de support à l’élaboration d’une stratégie d’adaptation aux changements de climat. L’indice d’exploitation des ressources en eau en Belgique s’élève à près de 38%. C’est le 3ème indice le plus élevé après Chypre et l’Italie. Le seuil pour déclarer qu’un bassin hydrographique est en état « alarmant » de pénurie d’eau est un seuil de 10%. Il apparaît donc important, au vu de l’indice national, d’analyser à l’aide de modèles adaptés à l’échelle régionale si l’indice des bassins de l’Escaut et de la Meuse est sous le seuil critique ou pas.

Conséquences plus ou moins proches

Les impacts environnementaux principaux sont liés aux difficultés d’assurer les débits minimum des rivières, de même que le risque d’assèchement des marais et zones humides. Les conséquences pour la biodiversité sont non négligeables : de la disparition d’espèces sensibles à l’invasion d’espèces plus thermophiles et à la modification de la structure des communautés de poissons et d’invertébrés.
En ce qui concerne les débits minimum, l’augmentation de concentration des polluants est un risque associé qui pourrait se révéler important. La dilution est en effet un paramètre clé, une sorte de ressource magique permettant de rejeter des toxiques de manière « acceptable ». La fluctuation des débits, et principalement les débits d’étiage trop faibles, pourrait gêner une pratique fort commode.

Et si le changement climatique devait nous amener à enfin revoir nos comportements et oublier de compter sur la dilution ?