Belgique : neutralité climatique en 2050

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On s’en réjouit : de nombreuses Etats renforcent leurs objectifs climatiques. L’Europe, la Belgique et la Wallonie affichent l’ambition de réduire de 55% leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2030 par rapport à 1990 et d’atteindre la neutralité climatique en 2050.

Un objectif est une chose, le chemin pour y parvenir en est une autre. C’est l’exercice qu’a réalisé le SPF Santé en collaboration avec CLIMACT et VITO qui se concrétise par de « Nouveaux scénarios pour une Belgique climatiquement neutre à l’horizon 2050 ».

L’importance de la sobriété

Cette vision prospective rappelle l’importance cruciale de la sobriété énergétique pour décarboner notre société. Le scénario principal « CORE-95 » envisage en effet une réduction de 60% de la consommation d’énergie finale en 2050, en passant pour la Belgique de 500 à 200 TWh par an. La précédente version de 2013 se limitaient quant à elle à une réduction de seulement 40%, en passant de 450 TWh à 270 TWh (pour réduire de seulement 80% les émissions de GES). Ces chiffres incluent l’utilisation non-énergétique du pétrole et du gaz pour produire les plastiques, engrais et bitumes (~100 TWh aujourd’hui).

Le scénario principal du SPF montre une diminution de 60% de le consommation d’énergie finale, ainsi que la disparition des énergies fossiles en faveur de l’électricité (renouvelable), les carburants synthétiques fabriqués lors des surplus d’énergie renouvelable (ammoniac, méthane), les bioénergies (biogaz, biocarburants, bois-énergie, pellet…) et enfin dans une moindre mesure l’hydrogène.

Pourquoi cette plus grande importance de la sobriété énergétique ? Pour limiter les besoins en énergie renouvelable, qu’elle soit produite en Belgique ou importée de l’étranger. En 2050, lorsque toutes les nations du monde auront réalisé leur transition énergétique, la demande d’énergie renouvelable va exploser avec les pays densément peuplés comme la Belgique, avec peu de place pour des éoliennes, des panneaux solaires et de la biomasse. A ce moment, le Canada décarboné souhaitera-t-il encore nous vendre des pellets et l’Amérique du Sud des agrocarburants ? Et si oui à quel prix ?

La raison de bon sens est aussi que nous vivons dans une société qui gaspille l’énergie. D’un côté, nous avons aujourd’hui des équipements peu efficients de chauffage, d’isolation, de transport, et d’autre part nous avons des comportements et une organisation de la société qui impliquent des consommations d’énergie et de ressources excessives : organisation du territoire nécessitant la voiture, incitation sociale à partir en vacances en avion, augmentation de la taille des véhicules et de la surface des logements par ménage…

Plusieurs trajets possibles…

Comme le montre le poids des secteurs les plus consommateurs en énergie finale, les plus importants sont les bâtiments (ménage et tertiaire), le transport et l’industrie. L’agriculture est mise ici de côté car peu consommatrice d’énergie, bien que fortement émettrice de GES.

Le travail du SPF contient plusieurs scénarios mettant soit l’accent sur des améliorations technologiques (scénario “TECH”), soit sur des changements de comportements (scénario “BEH”). Un scénario principal « CORE-95 » propose un compromis. En voici les principaux éléments :

  • Dans son scénario core 95, l’énergie finale est divisée par deux pour les bâtiments, grâce à une isolation généralisée, et l’usage de techniques de chauffage efficientes comme la pompe à chaleur.
  • Pour les transports, la réduction du nombre de véhicules est très significative. Le scénario central envisage une évolution de 5,8 millions de véhicule en 2015 à 1,6 millions en 2050 ! Même le scénario “technologique” envisage une diminution à 2,5 millions, tandis que le scénario “comportement” descend même à 0,5 millions. Dans tous les cas, ces diminutions sont obtenues via l’augmentation du partage de la voiture et aussi une réduction de la mobilité par personne.
  • Pour l’industrie, une réduction des volumes consommés sur le territoire de 44% est avancée : ciment, acier, alimentation (grâce à une réduction de la consommation de viande) sont réduits, à l’inverse du bois. Ceci est obtenu, via le développement de l’économie circulaire et en même temps par la réduction de la fabrication de nombre de biens de consommation, comme les voitures, et les changements dans le secteur de la construction vers plus de bois.
La réduction de l’utilisation de matériaux est essentielle pour atteindre la neutralité climatique quel que soit le scénario envisagé, du comportemental « BEH » avec -51% au scénario le plus technologique « TECH » avec -29%.

Maintenant, des mesures concrètes

Au final, les scénarios proposés décrivent les leviers chiffrés pour atteindre la neutralité en 2050. Ils permettent donc de poser un cadre de discussion théorique solide pour nourrir les nombreuses discussions qui sont prévues tant au niveau fédéral que régional pour augmenter notre ambition climatique. Il reste maintenant à transformer ces projections en mesures concrètes, notamment pour insuffler les changements comportementaux nécessaires même dans le scénario le plus technologique. Tout en rendant cette transition la plus juste et solidaire possible.

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Xavier Gillon

Énergie