C’est ratéééii !

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Pas neuve la tentative de jouer sur les failles dans les discours de l’autorité pour chercher à agir le plus librement possible ! Tous les enfants du monde pratiquent la chose avec plus ou moins d’aisance. Mais ils ont l’excuse du jeune âge; les producteurs d’hydroélectricité pas…

La deuxième conférence de la Commission européenne dédiée à l’eau s’est tenue les 2 et 3 avril derniers. Son objectif : faire le point sur la mise en oeuvre de l’incontournable Directive cadre sur l’eau (DCE), pile au moment où les états membres sont censés finaliser leurs plans de gestion, c’est-à-dire leurs outils de reconquête de la qualité des rivières et des nappes.

Une session de la conférence a abordé la question des modifications actuelles apportées aux cours d’eau, sujet d’autant plus important que la prise en compte de la qualité hydromorphologique des rivières est une des nouveautés introduites par la DCE. En clair, il ne suffit pas de disposer d’une eau de bonne qualité pour qu’une rivière soit en bon état écologique. L’état des berges et du fond, l’absence d’obstacles à la libre circulation des poissons ou encore les connections avec des annexes sont autant d’éléments à prendre en compte. La Commission pose donc la question d’entrée de jeu : les modifications actuellement apportées pour la navigation ou l’hydroélectricité sont-elles soutenables ?

L’assemblée a bénéficié de la présentation des arguments de Monsieur Papetti, représentant l’association européenne des petits producteurs d’hydroéléctricité (ESHA). « Petit » signifie inférieur à 10MW, ce qui est loin d’être négligeable, et certainement à ne pas confondre avec les pico et microstations. L’argument principal avancé : les objectifs de la DCE seraient incompatibles avec ceux du plan 20-20-20 de la directive en matière d’énergie renouvelable. Un peu court, Monsieur Papetti !! Et en tous cas un peu facile voire franchement manipulatoire !

Faire valoir sa participation à l’objectif 20-20-20, en l’occurrence installer des capacités de production d’énergie renouvelable, ne dédouane pas de faire preuve d’une certaine capacité d’analyse intégrée du contexte. La logique n’est évidemment pas d’opposer les objectifs des deux Directives comme s’il fallait nécessairement choisir l’une ou l’autre. Ce serait tabler sur une capacité mentale très limitée dans le chef des acteurs qui tentent d’apporter des solutions cohérentes à la problématique environnementale, complexe par définition. Comme l’a fait remarquer M. Blöch, représentant la Commission, ce n’est pas parce qu’il y a plus de vent au dessus de la flèche de l’hôtel de ville de Bruxelles qu’on y installe une éolienne. Personne ne niera là l’intérêt de préserver l’héritage culturel commun. De même, brader notre héritage en matière d’eau en abandonnant sans réserve les rivières aux bâtisseurs de barrages, relève d’une mentalité du 18ème plutôt que du 21ème siècle. C’est bien sûr au cas par cas que nous devons réfléchir à la manière de rencontrer les objectifs respectifs.

« No hydro no fun », concluait M. Papetti. Un peu facile, finalement. Désolé, mais utiliser les arguments énergétiques pour négliger les efforts de restauration des milieux aquatiques, ça ne marche pas.