Coronavirus : l’indispensable survie des transports en commun

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Mobilité
  • Temps de lecture :7 min de lecture
You are currently viewing Coronavirus : l’indispensable survie des transports en commun

La fin du confinement se dessine. Une chose est déjà claire : à partir du 4 mai, tous les passagers devront porter un masque dès leur arrivée à un arrêt ou dans une gare. Compte tenu des risques, c’est logique. Toutefois, la mise en œuvre concrète de cette mesure et l’avenir de nos transports publics exigeront beaucoup plus de créativité et de réflexion. Qui sera encore autorisé à monter dans les trains, les trams et les bus et qui aura la priorité si le trafic devient trop important ?

Ce texte est une Carte Blanche commune de Greenpeace, TreinTramBus et IEW, parue dans De Morgen juste avant le début de la première phase du déconfinement.

Par définition, les transports publics sont des transports collectifs et la règle qui prévaut est : plus il y a de passagers à bord, plus ils sont efficaces. Avant la crise du coronavirus, il n’était pas toujours possible de donner une place assise à tous les passagers en heure de pointe, et encore moins de garder une distance de 1,5 m entre eux. Si nous voulons plus de distance, nous devrons voyager différemment et moins. Cependant, privilégier l’utilisation de la voiture particulière, comme l’a suggéré le gouvernement n’est pas la solution adéquate, et est à contre-courant des changements attendus et nécessaires à plus long terme. Si tout le monde utilise la voiture, nous serons vite de retour à l’isolement, mais dans notre boîte d’acier sur roues plutôt qu’à la maison ! La congestion routière reviendra rapidement, peut-être de manière plus importante qu’auparavant, entravant la mobilité, dans les phases de déconfinement, de ceux qui sont sur la route pour des trajets essentiels. Une circulation automobile encore plus importante qu’avant la crise du COVID19 est certainement préjudiciable pour notre santé, notre environnement et notre économie.

Nous apprécions les efforts que le TEC, De Lijn, la STIB et la SNCB ont déployés ces dernières semaines pour assurer la mobilité de nombreux travailleurs. Nous applaudissons celles et ceux qui assurent le maintien des services publics (les chauffeurs de tram et d’autobus, les conducteurs et accompagnateurs de train, le dispatching, la police, les ambulanciers, les éboueurs, etc.), des services de soins (les soins à domicile, les aides familiales, les services de nettoyage, etc.) et toutes celles et ceux qui, pendant ces périodes de corona, veillent à ce que la nourriture reste disponible et que les services et le travail essentiels se poursuivent.

Au fait, avez-vous remarqué que les personnes qui ont été vénérées comme des héros ces dernières semaines sont précisément des groupes qui n’ont pas de voiture de société subventionnée et coûteuse ? Soudain, on a (re)découvert que les transports publics sont également un service essentiel. Les opérateurs de transport n’avaient plus entendu cela depuis des années ! Espérons que nos décideurs ne l’oublieront pas lorsque les compagnies de transport demanderont un soutien pour compenser les pertes de revenus.

Pour gérer de front déconfinement, sécurité sanitaire et mobilité durable la solution devra être triple : plus de vélo et de marche pour les trajets courts, plus de télétravail et une organisation différente de nos transports publics. La première va de soi, et de nombreuses villes européennes, dont Bruxelles, prouvent que l’on peut donner plus d’espace aux piétons et aux cyclistes, rapidement, avec un budget limité. Le vélo est un atout important, notamment pour soulager la pression sur les bus et les trams en ville. Après la crise du coronavirus, nous pouvons et devons continuer à faire mieux.

Les dernières semaines peuvent probablement être considérées comme la plus grande expérience de télétravail de l’histoire. Ce n’est pas parfait, mais il est certain que de nombreux employés et entreprises ont constaté que cela fonctionne et qu’il n’est vraiment pas nécessaire de se rendre tous au bureau cinq jours par semaine. L’environnement et notre qualité de vie ne peuvent qu’en bénéficier. Les projets routiers coûteux tels que le contournement nord de Wavre ou les travaux sur le périphérique de Bruxelles sont-ils aussi indispensables qu’on l’a prétendu jusqu’à présent ?

Les transports publics devront regagner la confiance des voyageurs grâce à une hygiène irréprochable et à un espace suffisant. Mais si tout le monde est tenu de porter un masque dans les trains, les trams et les bus le 4 mai, le gouvernement doit, de son côté, en fournir aux citoyens dès que possible. Mettre le plus possible de personnes dans une rame ou un bus ne peut plus être envisagé pour le moment. En pratique, nous devrons laisser tout le monde accéder à la première classe dans les trains. Il faut aussi oublier l’idée d’occuper les banquettes des trains avec 2+3 passagers ou d’entasser plus de 100 élèves ou étudiants dans un bus articulé. D’ici à ce que toutes les écoles et universités rouvrent complètement, nous devrons trouver une solution à ce problème : étaler les heures de début et de fin là où c’est possible, augmenter la capacité, sécuriser les pistes cyclables, impliquer le secteur des autocars… Permettre une circulation fluide des trams et des bus dans le trafic est également une mesure prioritaire à adopter, de sorte que davantage de trajets puissent être effectués avec la même flotte de véhicules et qu’il y ait moins de passagers par véhicule.

Enfin, une question sociale importante doit être résolue. Tout le monde conviendra que le train, le tram et le bus sont désormais principalement destinés aux trajets essentiels autorisés pour se rendre au travail, chez son médecin, à la pharmacie ou dans un commerce alimentaire. Mais qu’en sera-t-il quand d’autres motifs de déplacement seront à nouveau permis, comme le shopping, un voyage ou une visite à la famille et aux amis ? Cette liberté s’appliquera-t-elle uniquement aux personnes qui possèdent une voiture et un permis de conduire, ou les personnes qui dépendent des transports publics bénéficieront-elles également de cette liberté de circulation ? Nous osons défendre cette dernière vision. Nous devons assurer la sécurité des citoyens, mais l’isolement social a également un coût élevé.

TreinTramBus : Stefan Stynen

Greenpeace : Elodie Mertz

Inter-Environnement Wallonie : Juliette Walckiers

Juliette Walckiers

Anciennement: Mobilité