Coûts et rentabilité des énergies : le point

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Cette législature wallonne a été animée par la question des énergies renouvelables, des objectifs à atteindre, à quel coût, avec quelles conséquences pour notre Région. Un nouveau rapport du Cluster TWEED[Cluster TWEED (2014), « [Impact micro et macroéconomique des énergies renouvelables en Wallonie »]] s’attaque à la question épineuse du coût de ces énergies et de leur rentabilité par rapport aux filières classiques. Cet article a pour objectif de faire le point sur les enseignements importants de ce rapport et les conséquences économiques pour la Wallonie.

Le coût des énergies renouvelables

De nombreux paramètres entrent en compte dans le calcul du coût de production des filières énergétiques et diffèrent parfois selon les études et institutions. On peut cependant diviser ces coûts en 3 grandes catégories :

 Le coût d’investissement : le coût de construction de l’unité de production énergétique ;

 le coût opérationnel : le coût de l’entretien et de la maintenance de l’unité de production ;

 le coût des intrants : quand il s’agit du vent ou du soleil, il est nul contrairement aux centrales classiques (gaz, nucléaire, charbon, etc.).

On peut ainsi répartir les différentes filières énergétiques en deux grandes catégories de dépenses que sont l’OPEX[[Les dépenses d’exploitation (souvent abrégées en OPEX) sont les s courants pour exploiter un produit, des entreprises, ou un système (Définition Wikipédia)]] et le CAPEX[[Les dépenses d’investissement de capital (CAPEX), se réfèrent aux s de développement ou de fourniture des pièces non-consommables pour le produit ou le système (Définition Wikipédia)]] comme le montre le tableau suivant.
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Originalité de l’étude, le calcul du coût de production est effectué pour évaluer la rentabilité des investissements réalisés non pas par un industriel mais par un consommateur, le citoyen lambda. Contrairement à la société privée qui souhaite que son investissement lui apporte un certain rendement au delà de la simple production d’énergie, le consommateur souhaite satisfaire ses besoins en énergie au moindre coût. On évacue donc la nécessité d’un taux de rendement pour se concentrer sur la seule rentabilité de l’installation qui est « fonction du coûts de production de l’énergie produite et du prix de vente (d’achat) de l’énergie sur le marché ».[[Cluster TWEED (2014), « Impact micro et macroéconomique des énergies renouvelables en Wallonie », p.15]]
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Des énergies rentables ?

Avec un prix de vente moyen de l’électricité sur le marché de détail de 220€/MWh, l’ensemble des filières renouvelables sont rentables pour les consommateurs. Le tableau montre que les taux de rentabilité varient selon les filières. Si on prend les deux extrêmes, on passe d’un prix moyen de 65€/MWh pour l’éolien onshore 3MW, le grand éolien type, à 187€ pour l’éolien onshore de 100kW, le projet de petites éoliennes du Ministre Di Antonio.

Il est important également de comparer les filières renouvelables par rapport aux conventionnelles. Du point de vue des industriels, « les grandes installations de cogénération biomasse sont à même de remplacer les centrales TGV. C’est également vrai pour les nouvelles centrales nucléaires dont le coût ‘producteur’ est peu compétitif alors même qu’il ne tient pas compte du coût long terme de stockage/traitement des déchets et du coût potentiel d’un accident nucléaire grave. [[Ibid., p.42]]» L’éolien onshore est également une autre source d’énergies renouvelables compétitive par rapport aux centrales conventionnelles.
Du point de vue du consommateur, les chaudières à pellet constituent une alternative rentable pour les particuliers, tout comme le grand solaire photovoltaïque et thermique.

Quels impacts ?

Cette première partie ne tient compte que des avantages économiques pour les agents économiques pris individuellement et non pour l’ensemble de la société.
Pour étudier les impacts macroéconomiques potentiels, le cluster TWEED propose 3 scénarios différents qui tous se fondent sur une consommation finale brute d’énergie en 2020 de 125.000 GWh :

 Scénario GREEN : respecte les objectifs politiques wallons existants[[Il vise à atteindre 8.000 GWh d’électricité renouvelable en 2020 et 20% d’énergie renouvelable dans la consommation finale de la Wallonie en 2020.]] ;

 Scénario LOW : respecte l’objectif belge minimal de 13% d’énergie renouvelable dans la consommation finale brute d’énergie tout en minimisant les investissements ;

 Scénario TWEED : respecte un objectif de 20% d’énergie renouvelable dans la consommation finale brute en 2020 en maximisant les retombées locales et en minimisant les coûts.
Les effets économiques sont synthétisés dans le tableau suivant[[Ibid., p.77]] :
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Si les scénarios les plus ambitieux, TWEED et GREEN, représentent une facture nettement plus élevée que le scénario minimal, LOW, ils ont également un retour sur l’économie locale très important en créant de 6000 à 8000 ETP supplémentaires, en permettant de réduire la facture énergétique plus largement entre 500 et 540 millions € de plus par an en 2020 en fonction du scénario et en réduisant les coûts de l’empreinte carbone de 45 millions € par an.