CRM: “Il faut maintenant mettre le focus sur le renouvelable et l’innovation, pour minimiser le rôle du gaz”

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Composing mit Windrädern, Sonnenkollektoren und Strommasten

La Commission européenne a donné son feu vert au mécanisme belge de subventionnement des centrales au gaz (CRM). Greenpeace et Inter-Environnement Wallonie (IEW) regrettent cette décision mais souhaitent tourner la page, estimant qu’il faut surtout travailler le plus vite possible au développement des alternatives aux énergies fossiles. Au plus vite les alternatives comme l’éolien et le solaire seront développées, au moins longtemps les centrales fossiles seront opérationnelles, et au plus tôt les centrales au charbon européennes pourront être fermées.

Le CRM est un mécanisme de soutien au secteur de l’énergie, neutre sur le plan technologique, destiné à garantir la sécurité d’approvisionnement. Greenpeace et IEW maintiennent leurs objections exprimées précédemment1mais reconnaissent aujourd’hui que le CRM ne peut plus être mis de côté. La responsabilité en incombe principalement aux Régions, qui ont trop peu progressé dans leur gestion de la demande d’électricité, de l’énergie éolienne terrestre, et des permis de renforcement du réseau électrique (Ventilus, Boucle du Hainaut) pour doubler l’éolien offshore existant.

Tourner la page et aller vers le 100 % renouvelable

« Ce dont notre pays a surtout besoin maintenant, c’est d’un projet positif en matière d’énergie », pointe Jan Vande Putte, expert Energie chez Greenpeace. « Et il y a de nombreuses opportunités à saisir. L’étude publiée par Elia le mois dernier avance la possible combinaison d’une gestion intelligente de la demande, d’une électrification du chauffage et des transports, et d’une hausse des énergies renouvelables afin d’assurer notre approvisionnement. » Elia travaille en outre actuellement sur un plan énergétique reposant sur un système fiable d’énergies renouvelables d’ici 2050, basé sur la gestion de la demande et l’interconnexion2.

Engie a lui-même publié l’année dernière un scénario énergétique qui prévoit une croissance des énergies renouvelables jusqu’à 66 % d’ici 20303. Ce scénario n’est pas si différent de celui publié par Greenpeace et IEW en 2016.4 « Il s’agit maintenant de combiner toutes ces forces pour amorcer le passage à 100 % d’énergies renouvelables », explique Jan Vande Putte. « Les Régions doivent se mettre en ordre de marche pour cela. Le défi est énorme, mais c’est le seul moyen de faire baisser durablement les émissions de CO2« , poursuit Arnaud Collignon d‘IEW.

Des signaux positifs proviennent également du secteur de la chimie à Anvers. En juin, la multinationale BASF a annoncé qu’elle prenait une participation dans le plus grand parc éolien offshore du monde, qui n’a pas encore été développé. Les éoliennes doivent notamment fournir de l’électricité verte à l’usine d’Anvers. Dans le même temps, BASF se concentre sur l’électrification de ses processus de production 5

« Avec ce changement fondamental vers un système d’énergie renouvelable qui s’observe au sein des grands acteurs industriels, il est important que les organisations environnementales et l’industrie cherchent des points d’accord« , estime Arnaud Collignon. « L’urgence de la crise climatique exige que chacun saisisse toutes les opportunités de réduction des émissions de CO2. »

“Se réveiller de l’illusion nucléaire”

Enfin, tous ceux qui ont cru à la prolongation de certaines centrales nucléaires afin d’éviter les centrales au gaz sont désormais dépassés par la réalité. Non seulement les centrales nucléaires sont trop peu fiables en matière d’approvisionnement 6 mais leur prolongation est également très difficile à concrétiser. La prolongation ne serait en effet envisageable qu’après une consultation publique, une décision sur les investissements à réaliser pour atteindre les normes de sécurité prévalant pour la dernière génération de centrales nucléaires, puis tous les travaux eux-mêmes. 

Les centrales nucléaires sont en fait hors jeu depuis que le précédent gouvernement a confirmé la sortie du nucléaire en 2015« , conclut Jan Vande Putte. « Engie a donc tourné la page, comme l’a déclaré sans ambiguïté son CEO Thierry Saegeman au Parlement. Nous appelons tout le monde à suivre son exemple : se réveiller de l’illusion nucléaire et se mettre au travail pour passer au 100 % renouvelable. »

Contact :

Service presse de Greenpeace Belgique, 0496/26.31.91, bpress@greenpeace.org
IEW, Arnaud Collignon, Chargé de mission énergie, 0477/70.04.56, a.collignon@iew.be

Notes

  1. “Electricité : réaction des ONGs environnementales au nouveau rapport adequacy and flexibility d’Elia” (25/06/2021), https://www.greenpeace.org/belgium/fr/communique-de-presse/22946/electricite-reaction-des-ongs-environnementales-au-nouveau-rapport-adequacy-and-flexibility-delia/
  2. Publication en novembre 2021. Le CEO d’Elia a présenté les grandes lignes de l’étude à la commission parlementaire énergie.
  3. Etude d’Energyville à la demande d’Engie (2020), https://www.energyville.be/en/news-events/energyville-introduces-additional-energy-system-scenarios-electricity-provision-belgium
  4. Our Energy Future (2016), https://www.greenpeace.org/belgium/fr/rapports/615/briefing-notre-avenir-energetique-2016/
  5.  https://www.tijd.be/ondernemen/milieu-energie/basf-stapt-in-grootste-windpark-ter-wereld-om-antwerpen-te-bevoorraden/10315839.html 
  6.  https://www.elia.be/en/news/press-releases/2019/06/20190628_press-release-adequacy-and-flexibility-study-for-belgium-2020-2030 (p. 41)