Cynique Pub!

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La publicité pousse à la consommation et tâche de nous faire craquer pour ce dont on n’a pas besoin: c’est son objet même. Pousse-t-elle le cynisme jusqu’à volontairement « agir » sur les plus démunis?

Inégalité sociale

Si l’envahissement publicitaire touche l’ensemble de la population, certains publics sont, et les publicitaires s’en réjouissent, plus sensibles que d’autres aux messages publicitaires : les publics précarisés, peu scolarisés ou encore le public jeune. Ces pubs sont d’autant plus nuisibles qu’elles incitent les plus bas revenus à consommer … les produits les plus dommageables pour leur santé, l’environnement et …leur portefeuilles. Cette inégalité face à la pub s’accentuent par ailleurs selon le lieu d’habitation. Des quartiers sont plus envahis que d’autres. Certains quartiers ou communes plus pauvres voient leur espace public envahi par la pub tandis que les quartiers plus favorisés sont de fait mieux protégés (ne fussent que par le nombre élevé de bâtiments classés) !

La pub prône le pire

L’étude « Environmental impact of products » (EIPRO) a cherché à répertorier les produits les plus consommés en Europe et dont le cycle de vie avait le plus grand impact sur l’environnement. Il en découle que les produits responsables pour 70 à 80 % des impacts environnementaux sont : l’habitation et le chauffage domestique, l’alimentation et boissons, le transport privé. Et quels sont les produits que l’on retrouve dans la plupart des pubs ? Ce sont les voitures, les produits alimentaires, alcool et sodas. En plus, les types de produits les plus courant dans les pubs sont souvent les pires de la gamme : les modèles de voitures les plus gourmands en carburant, les aliments les plus riches en graisse et sucre, sur-emballé, …

La pub désinforme

Il suffit d’analyser quelques pubs pour se convaincre de leurs méfaits. L’eau minérale en bouteille par exemple. La pub a réussi à faire croire que l’eau du robinet était moins bonne que l’eau en bouteille. Cette dernière serait saine et plus riche en minéraux, Calcium, … Pourtant, tout le calcium utile se trouve dans l’eau du robinet, souvent d’excellente qualité et celle-ci coûte quasi 300 fois moins cher au litre. Autre exemple: les voitures. Une récente étude de l’Ulg a montré que sur une année, la majorité des modèles auto en promotion étaient aussi les moins « verts » disponibles sur le marché. Et les fameux succédanés de mini yaourt soi-disant indispensable pour solutionner les problèmes de ballonnement. Ca ne s’invente pas ! En fait, ces produits ne sont pas plus (ni moins) utile qu’un yaourt normal mais coûte 2, voire 3 fois plus cher.

Un service public sans pub

A force d’entendre de tels slogans bien ficelés, les publics moins « éduqués » risquent de succomber aux sirènes des annonceurs. Ces campagnes publicitaires constituent donc un concurrent déloyal aux campagnes de sensibilisation des ONGs et des autorités publiques. Même en utilisant les mêmes armes que les publicitaires, les messages de sensibilisation sont totalement noyés dans la masse de messages commerciaux. Face aux hausses de prix des matières premières, alimentaires, l’essence et le mazout, il est urgent d’interdire la publicité pour les produits les plus médiocres. C’est un enjeu fondamentale si l’on veut vraiment réduire le gaspillage des ressources, la pollution de l’environnement mais aussi préserver le pouvoir d’achat des ménages les plus fragiles. C’est dans ce but qu’Inter-Environnement Wallonie a rejoint la Plate-forme d’associations contre l’envahissement publicitaire dont nous vous invitons à lire la récente la carte blanche.

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