Des économistes à contre-courant

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Alors que l’Union européenne est en passe de pénaliser ses États membres qui ne n’appliqueraient pas avec suffisamment de rigueur une politique d’austérité budgétaire, des économistes, Outre-Atlantique comme Outre-Quiévrain, s’emparent de ces questions mais nagent à contre-courant des politiques actuellement menées, plaidant pour une refondation de la pensée économique dominante.

La crise économique et financière de 2008 n’aura pas permis une refonte fondamentale du mode de pensée dominant; la finance règne toujours bel et bien en maître.

Face à ce constat, des économistes appellent à changer le paradigme des politiques économiques actuellement menées sous l’égide de l’austérité.

Ainsi, aux États-Unis, des grands experts reconnus tels Alan Blinder et Joseph Stiglitz ont appelé à accroître les dépenses publiques dans la perspective d’offrir un travail aux quelques 15 millions d’Américains aujourd’hui sans emploi.

Sur le Vieux Continent, des économistes français – Philippe Askenazy (Ecole d’Economie de Paris), Thomas Coutrot (Attac), André Orléan (CNRS) et Henri Sterdyniak (OFCE) – viennent de rédiger un «Manifeste des économistes atterrés» avec lequel ils souhaitent lutter contre «10 fausses évidences» tout en mettant en débat 22 mesures concrètes.

Parmi les mesures proposées, ces économistes «atterrés» appellent à une fiscalité plus égalitaire, proposant d’«accroître fortement l’imposition des très hauts revenus pour décourager la course aux rendements insoutenables» mais aussi de «redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l’impôt sur le revenu…)». Ces rentrées nouvelles seraient alors à même de financer les nécessaires dépenses en matière d’éducation, de santé et d’environnement.

Enfin, last but not least, les signataires du manifeste réfutent l’idée selon laquelle la crise grecque aurait permis «d’avancer vers un gouvernement économique et une vraie solidarité européenne». Au contraire, les réponses apportées par l’Europe, enjoignant ses membres à réduire drastiquement leurs dépenses sous peine de pénalités nouvelles, enferment les États dans le piège de la dette, du chômage et de la stagnation. Et de plaider plutôt pour la création d’un budget européen, la nécessaire reconversion écologique ainsi que la remise en cause du libre-échange et de la libre circulation des capitaux.


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