Doel 3 et Tihange 2: le rapport qui accable

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Un groupe d’experts réunis en janvier dernier à l’initiative de l’ « Association d’action d’Aix-la-Chapelle contre l’énergie nucléaire » (Aachener Aktionsbündnis gegen Atomenergie) et du Groupe des Verts au Parlement européen a examiné les différents rapports ayant justifié le redémarrage des réacteurs Doel 3 et Tihange 2 suite à la découverte de milliers de fissures dans leur cuve durant l’été 2012. Le fruit de leur travail a été rendu public dans un rapport présenté jeudi dernier, 9 avril, au Parlement européen. Sa conclusion est sans appel : « Une poursuite de l’exploitation des centrales conformément aux normes internationales reconnues ne peut être autorisée. »

Les experts réunis dans ce groupe sont de « grosses pointures » ; on y trouve notamment Dieter Majer, l’ancien directeur de l’organe allemand de contrôle des installations nucléaires et expert nucléaire. Autant dire que leur avis, qui n’est pas tendre à l’égard du travail d’Electrabel,validé par l’Agence fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN), a du poids et ne saurait être pris à la légère.

Les experts pointent « des erreurs méthodologiques, des lacunes dans la documentation de fabrication et des erreurs au niveau des détails de l’examen ». Les principaux éléments identifiés comme posant problème sont :

 la démonstration acceptée par l’AFCN n’est souvent pas suffisamment « conservatrice », c’est-à-dire prenant en compte le scénario le plus défavorable pour la sécurité ;

 les défauts ne sont pas caractérisés avec précision ;

 l’origine des défauts n’est pas démontrée ;

 les propriétés réelles des matériaux ne sont pas connues faute d’échantillons représentatifs ;

 il est en conséquence impossible de démontrer l’intégrité structurelle de la cuve

 la détermination des scénarios les plus dangereux pour les cuves n’est pas étayée par des calculs ;

 une recommandation du groupe d’experts internationaux a été ignorée, sans justification, alors que sa prise en compte n’aurait pas permis la reprise de l’exploitation des deux réacteurs.

Après les tests non conformes aux attentes des experts qui ont conduit, fin mars, à l’arrêt anticipé des deux réacteurs, ce rapport vient à nouveau confirmer la légèreté dont l’AFCN a fait preuve dans ce dossier. Rappelons qu’une rupture de la cuve d’un réacteur impliquerait immanquablement la fusion du cœur avec des dégagements radioactifs massifs et pour notre pays des conséquences incalculables voisines de celles connues à Fukushima voire même de Tchernobyl…

Au vu de la gravité des risques que l’AFCN a fait prendre, la nécessité d’une enquête parlementaire pour faire la lumière sur le sérieux de cette institution mérite d’être examinée…

Cécile de Schoutheete

Anciennement: Développement durable & Énergie