Dossier Ryanair

Namur, le 03 février 2004

Communiqué de presse

Dossier Ryanair : la Commission européenne avalise un modèle de développement non soutenable


Quatorze mois de suspens pour un compromis « chèvre-choutiste »: le dossier des aides octroyées à Ryanair par la Région wallonne pour l’utilisation de l’aéroport de Charleroi vient de connaître son dénouement. Compromis entre nécessité de sanctionner certaines pratiques et volonté d’épargner ceux qui s’y adonnent, la décision de la Commission européenne avalise, de fait, un modèle de développement non soutenable.

Ces derniers mois, les démarches de lobbying auprès de la Commission européenne se sont multipliées. Tant de la part des compagnies aériennes « classiques », dénonçant une situation de concurrence déloyale, que de la part des autorités wallonnes et de leur partenaire Ryanair. Ces démarches o­nt atteint leur point culminant le 08 janvier avec, sous l’impulsion du ministre Kubla, la formation d’un « front commun des aéroports régionaux low cost ».

Quand les funambules…

Les responsables d’une trentaine d’aéroports régionaux européens se sont inquiétés du risque de voir la Commission européenne prendre des « mesures drastiques », proportionnées aux avantages financiers octroyés par les Régions. A Charleroi, cela représente environ 15 millions d’euros par an pour Ryanair! Réduction des taxes d’atterrissage, réduction des charges de handling, gratuité des charges de navigation, prise en charge des contrôles de sécurité, contribution marketing, aides diverses: la Région wallonne a joué sur tous les plans pour séduire la low-cost irlandaise.

Funambules de grand talent, les Commissaires européens o­nt adopté l’angle d’analyse qui permet de dénoncer une partie seulement des aides sans remettre en cause le principe de la croissance du transport aérien par voie de financement public. Ils o­nt analysé la « compatibilité des aides avec le marché commun sur la base de la politique des transports ». Environ un quart des aides étant déclarées incompatibles, leur décision, de leur aveu, « promeut l’activité des compagnies à bas coûts ».

… font l’autruche

Subsidier le développement du mode de transport le plus nocif pour la planète1 est contraire aux objectifs du développement durable. Il est indispensable de maîtriser la demande du secteur aérien, ce qui ne peut s’accomplir que par le biais d’une approche coordonnée au plus haut niveau2. Cautionner la politique du développement subsidié, au coup par coup, consiste à se mettre la tête dans le sable, en refusant de considérer les enjeux à long terme.

L’occasion était belle, pour la Commission européenne, de donner un signal fort – tant aux décideurs régionaux qu’aux opérateurs aériens. La volonté d’apaisement des uns et des autres l’a emporté. Au détriment des riverains, qui subissent les conséquences de développements mal maîtrisés. Au détriment de l’environnement. Au détriment des générations futures.


Pas d’argent public pour le transport aérien !

La décision de la Commission, en condamnant certaines aides, pose la question de la viabilité de l’aéroport de Charleroi en tant qu’outil de développement régional. Pour Denis van Eeckhout, secrétaire général d’Inter-Environnement Wallonie, « la politique suivie dans ce dossier par la Région wallonne, tout comme celle suivie par le fédéral dans la saga des vols de nuit, illustrent malheureusement les limites des déclarations politiques en faveur d’un développement durable (Contrat d’Avenir pour la Wallonie, Plan fédéral de développement durable, …). » Inter-Environnement Wallonie considère que la règle doit être: « pas un euro d’argent public pour le transport aérien! »

Renseignements :

Pierre Courbe0479/497.656

Inter-Environnement Wallonie

Boulevard du Nord, 6 – 5000 NAMUR

Tél: 081.25.52.80

Email: iew@iewonline.be

1. Dans l’Europe des 15, le secteur aérien a augmenté ses émissions de CO2, – principal gaz à effet de serre – de 58% entre 1990 et 2000 (source : Eurostat)

2. Le sixième programme d’action communautaire pour l’environnement propose « d’identifier et prendre des mesures spécifiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des avions »

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