Économies dans les transports en commun : mauvais choix !

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Depuis plusieurs mois, les titres concernant l’actualité des transports en commun se ressemblent et se répètent : « réduction de l’offre », « suppression de trains », « fermeture de points d’arrêts », etc. Les budgets des sociétés de transport sont dans le rouge. Face à cette situation, il faut effectivement trouver des solutions. La voie que nous défendons depuis longtemps est celle d’un meilleur financement des transports en commun. A l’argument « il n’y a pas d’argent », nous répondons que c’est une question de choix. Les sommes consacrées à l’extension du réseau routier ou au soutien des ventes automobiles ou encore les recettes issues de la fiscalité automobile (voir aussi ici) pourraient être investies dans les solutions de déplacement alternatives à la voiture particulière, mode de déplacement le plus polluant. Tout est donc une question de choix politique.

Les arbitrages de nos dirigeants ne vont malheureusement pas réellement dans ce sens. Nous pouvons souligner la décision récente du Gouvernement wallon de ne pas réduire l’enveloppe des transports en commun dans le budget wallon 2012, cependant cela est insuffisant pour éviter de nouvelles économies dans ce secteur. En effet, l’augmentation constante de voyageurs d’une part, et le maintien de la non indexation de la subvention d’autre part, imposent au Groupe TEC de faire des économies pour maintenir son budget en équilibre. Au niveau de la SNCB, le mot d’ordre est le même : économies. Il vient d’ailleurs d’être décidé, dans le cadre de la confection du budget fédéral, de faire une économie de plus de 240.000 millions d’euros à la SNCB.

Nous déplorons le sous-investissement actuel dans les transports en commun, mais nous déplorons tout autant les orientations prises par les responsables de la SNCB et des TEC pour réaliser ces nécessaires économies. L’offre de transport et les services au voyageurs ne sont pas les bonnes cibles!

L’idée de supprimer les bus ou les trains vides est séduisante à première vue; elle est même présentée comme « écologique » par certains. Il est vrai que dépenser de l’énergie et émettre autant de CO2 pour déplacer de lourds véhicules qui ne transportent que quelques voyageurs dénote dans une politique de développement durable. Pas si sûr! Il faut d’abord analyser pourquoi ces trains ou ces bus sont vides afin de ne pas alimenter le cercle vicieux à l’½uvre dans notre offre de transport en commun : moins d’offre engendre moins de demande.

 Supprimer le premier ou le dernier trajet, c’est réduire l’attractivité de toute la ligne. Tout le monde recherche la sécurité d’avoir la possibilité d’un retour plus tardif au cas où.

 Réduire la fréquence aux heures creuses, c’est se priver des voyageurs qui se déplacent pour d’autres motifs que le travail ou l’école. Qui pourrait se satisfaire d’une fréquence horaire pour aller faire une course de 20 minutes? Alors même que la demande de transport pour autre motif est en plein boum et dépasse désormais celle des déplacements domicile-travail.

 Diminuer la desserte fine (lignes L SNCB et points d’arrêt ruraux) c’est rendre la possession de la voiture obligatoire ; dès lors on l’utilise pour l’ensemble du trajet.

 Affaiblir la présence humaine sur le réseau (guichetiers, accompagnateurs), c’est rendre le réseau encore moins accessible aux novices du transport en commun

A l’inverse, l’offre crée la demande! C’est un principe pourtant bien connu dans notre société capitaliste. Alors si la volonté politique affichée d’atteindre un report modal massif en Wallonie est bien réelle, nos dirigeants (politiciens et administrateurs) ne devraient en aucun cas accepter que des économies soient réalisées au niveau de l’offre.

Quelles économies pourraient donc être réalisées au sein de nos sociétés de transport en commun? Nous pensons à quelques pistes qui devraient être davantage explorées :

 Certains chiffres déjà évoqués dans la presse à propos des budgets conséquents consacrés à la sous-traitance de nombreuses études nous laissent perplexes. N’y a t-il pas des compétences en interne à mieux valoriser? N’y a-t-il pas des économies d’échelle à réaliser? Comment les résultats des ces études coûteuses sont-ils exploités?

 Certains travaux d’infrastructures n’améliorent pas ou peu le service aux voyageurs alors qu’ils demandent des budgets lourds. Nous pensons que des chantiers tels que la rénovation de la gare multimodale de Mons ou la construction de la gare de Gosselies sont jugés à tort comme prioritaires.

 Enfin, osons interroger l’efficacité des structures qui sont chargées de l’organisation de l’offre de transport en commun : plusieurs sociétés SNCB et une multitude de filiales qui ont de plus en plus de mal à communiquer entre elles et à défendre un intérêt commun, 6 conseils d’administration au sein du Groupe TEC, de nombreuses directions générales et spécifiques qui engendrent sans cesse des réunions et un processus décisionnel lent et difficile. A noter, le souhait exprimé très récemment par les négociateurs d’aller dans le sens d’une simplification des structures de la SNCB (accord sur les entreprises publiques).

Il nous semble donc possible d’être un peu plus créatif quand il s’agit de réaliser des économies dans le secteur des transports en commun. Encore faut-il que les responsables chargés de proposer ces économies aient le courage d’envisager des économies à leur niveau plutôt qu’en bas de l’échelle.

Extrait de nIEWs (n°101, du 1er au 15 décembre 2011),

la Lettre d’information de la Fédération.

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